L'ordination samedi d'un évêque de l'Église catholique chinoise officielle, malgré les objections du Vatican, constitue «une grave violation de la liberté religieuse et de conscience», a estimé mercredi le Saint-Siège dans un communiqué.

L'ordination du père Guo Jincai à Chengde, une ville du nord de la Chine, a été annoncée samedi par Liu Bainian, vice-président de l'Association patriotique des catholiques de Chine, Eglise contrôlée par les autorités et dont les évêques sont nommés par le gouvernement.

Elle «constitue une blessure douloureuse» et «une grave violation de la discipline catholique», a indiqué le Vatican, soulignant que le pape Benoît XVI a accueilli la nouvelle avec «un profond regret».

Les fidèles sont «humiliés» parce que «les autorités civiles chinoises veulent leur imposer un pasteur qui n'est en pleine communion ni avec le pape ni avec d'autres évêques de part le monde».

«Cette prétention à se mettre au-dessus des évêques et à diriger la vie de la communauté ecclésiale (...) offense le Saint-Père, l'Église en Chine et l'Église universelle», a encore indiqué le Vatican.

L'évêque consacré se trouve dans une «très grave situation canonique devant l'Église en Chine et l'Église universelle» et risque des «sanctions sévères», selon le Vatican.

Le Vatican a en outre déploré les «pressions et les restrictions de liberté de mouvement» exercées sur «plusieurs évêques» pour qu'ils participent à cette célébration, les qualifiant également de «grave violation de la liberté religieuse et de conscience».

Le Vatican a dit vouloir étudier «en détail» la situation, notamment la «validité» et la «position canonique» des évêques concernés.

Le Vatican a rappelé avoir exprimé «clairement» et «à plusieurs reprises durant cette année» son «opposition» à cette ordination auprès des autorités chinoises. Celles-ci ont «décidé unilatéralement de continuer», au «détriment de l'atmosphère de respect créée avec grand effort».

Tout en réaffirmant sa «volonté» d'engager un «dialogue respectueux et constructif» avec Pékin, comme Benoît XVI l'avait proposé en 2007 dans sa Lettre aux catholiques chinois, le Vatican a regretté que les autorités autorisent l'Association patriotique des catholiques de Chine à «adopter des attitudes qui portent gravement atteinte à l'Eglise catholique et entravent le dit-dialogue».

En annonçant la cérémonie, M. Liu avait déclaré que le Vatican avait été informé il y a deux ans de l'intention d'ordonner le père Guo mais n'avait «jamais répondu».

Avant l'ordination de l'évêque, le Vatican avait indiqué qu'il la considèrerait «comme illégale et nuisible aux relations constructives nouées récemment» entre la Chine et le Saint-Siège.

Il s'était aussi dit «inquiet» d'informations selon lesquelles des évêques chinois reconnus par le Vatican allaient être obligés d'assister à l'ordination, information démentie par M. Liu qui avait parlé de présence facultative.

Le nombre de catholiques chinois est estimé à plusieurs millions (5,7 millions selon des chiffres officiels). La Chine et le Saint-Siège n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1951 et le rétablissement de ces relations est un enjeu pour Pékin, qui souhaite améliorer son image à l'étranger.