Vingt-neuf personnes piégées sous terre par une inondation dans une mine de charbon du sud-ouest de la Chine ont toutes été remontées vivantes lundi, un sauvetage rare pour une industrie accusée de sacrifier la sécurité aux impératifs de production.

Une fois à l'air libre, les victimes ont été l'une après l'autre allongées sur un brancard, certaines portant encore leur casque doté d'une lampe frontale. Elles semblaient dans un bon état général, bien que fatiguées, selon des images diffusées en direct par la chaîne de télévision d'État CCTV.

On leur a ensuite plaqué sur le visage un masque médical puis elles ont été immédiatement emmenées par des ambulances, sous les applaudissements de la foule.

Il s'agit de 22 mineurs et de sept secouristes qui avaient été également piégés par l'inondation, a indiqué lundi l'agence officielle Chine nouvelle.

L'accident s'était produit dimanche vers 11h00, heure locale (22h00, heure de Montréal) dans la mine de charbon Batian, près de la ville de Neijiang, dans la province du Sichuan. Lorsque l'inondation s'est produite, seuls 13 mineurs sont parvenus à remonter sur les 35 qui étaient au travail.

Ce sauvetage représente une bonne nouvelle pour une industrie minière chinoise souvent endeuillée par des catastrophes. Il intervient alors que se déroule une autre opération de secours, dans une mine de Nouvelle-Zélande, où sont piégées également 29 personnes.

Les secouristes ont déclaré lundi envisager de «possibles décès» parmi ces 29 mineurs coincés depuis une explosion vendredi.

Le sauvetage très médiatisé en octobre de 33 mineurs chiliens ayant passé plus de deux mois au fonds d'une mine avait suscité de nombreuses critiques en Chine sur la capacité des autorités à prévenir de tels drames et à assurer la sécurité des mineurs.

Les réactions d'amertume avaient été amplifiées par un coup de grisou le 16 octobre dans une mine de charbon de la province du Henan (centre de la Chine) qui avait fait 37 morts, contrastant avec les images de joie des 33 mineurs chiliens.

La Chine a toutefois connu son propre sauvetage «miraculeux» en avril lorsque 115 mineurs avaient été secourus après avoir passé plus d'une semaine piégés sous terre dans une mine inondée de la province du Shanxi, située au nord du pays.

Les mines chinoises sont considérées comme étant les plus dangereuses du monde en raison des négligences en matière de sécurité et de la corruption, ainsi que de la priorité accordée aux impératifs de production.

L'an dernier, 2631 personnes y sont mortes, selon les chiffres officiels.

Des organisations indépendantes estiment toutefois que ce bilan est vraisemblablement beaucoup plus lourd car de nombreux accidents sont passés sous silence pour éviter des fermetures.

L'exemple chilien a en tout cas démontré le rôle crucial des refuges en profondeur, dont sont souvent dépourvues les mines chinoises.

Mercredi dernier, l'Administration d'État chargée de la sécurité dans les mines de charbon chinoises a annoncé que toutes les houillères du pays devraient construire de tels refuges d'ici à juin 2013.

Les mines devront aussi s'équiper de moyens de communication souterrains, de systèmes de localisation des mineurs et de ventilation, ainsi que de réserves d'eau.