Des policiers thaïlandais ont découvert, vendredi, plus de 2000 foetus cachés dans la morgue d'un temple de la vieille ville de Bangkok.

Les cadavres proviendraient de cliniques d'avortement illégales. Des policiers se sont rendus sur les lieux mardi à cause des fortes odeurs qui émanaient du temple.

 

En effectuant des fouilles dans la morgue où sont gardés les corps des défunts en attendant leur crémation, ils ont tout d'abord découvert plus de 300 foetus.

En retournant sur place vendredi, ils en ont découvert cinq fois plus, selon le lieutenant-colonel Kanathud Musiganont.

Des responsables de la santé, des policiers et des bénévoles ont compté les foetus en les plaçant individuellement dans des sacs de plastique blanc portant le nom d'un organisme de charité spécialisé dans la manipulation de restes humains.

Alors que les foetus étaient sortis du temple, des fidèles bouddhistes déposaient des bananes et du lait en guise d'offrandes destinées à nourrir l'esprit des foetus dans l'au-delà.

L'avortement est illégal en Thaïlande, sauf dans trois cas: quand la femme a été violée, quand la grossesse affecte sa santé ou quand le foetus est anormal.

Même s'il existe en Thaïlande une importante industrie du sexe, plusieurs Thaïlandais sont conservateurs en ce qui concerne les activités sexuelles, et des militants bouddhistes s'opposent particulièrement aux projets visant à libéraliser l'avortement.

Le premier ministre Abhisit Vejjajiva a déclaré vendredi que les autorités devaient en faire plus pour éviter les avortements illégaux, mais a précisé que son gouvernement ne changerait pas les lois à ce sujet. Il a dit que le gouvernement avait discuté de la question et était persuadé que «les lois existantes sont appropriés et assez flexibles».

Plusieurs personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire, dont deux employés des pompes funèbres, accusés d'avoir caché les corps pour dissimuler la cause de leur mort. Une employée d'une clinique d'avortement est aussi accusée d'avoir opéré une clinique médicale non autorisée et d'avoir effectué des avortements.

Les deux employés des pompes funèbres pourraient faire face à une peine d'emprisonnement d'un an et à une amende de 2000 bahts (67 $US). L'employée de la clinique, qui aurait admis, selon la police, avoir livré les foetus aux employés de la morgue à partir du début de l'année, pourrait faire face à cinq ans de prison et à une amende de 10 000 bahts (333 $US).

L'un des deux employés des pompes funèbres, Suchart Poomee, âgé de 38 ans, a admis mardi avoir été embauché par des cliniques illégales d'avortement pour détruire les foetus, a déclaré la police. Il a précisé qu'il collectait les foetus depuis novembre 2009. On ne sait pas très bien pourquoi les foetus n'ont pas été incinérés.

Le colonel de police Sombat Milintachinda a indiqué que les foetus découverts vendredi semblaient avoir été cachés depuis plus longtemps que ceux trouvés plus tôt cette semaine.

Le ministre de la Santé publique, Jurin Laksanavisith, a précisé qu'environ un million de femmes thaïlandaises tombaient enceintes chaque année. De ce nombre, 60 000 font une fausse couche et 80 000 autres subissent un avortement légal. Il n'a pas pu estimer le nombre d'avortements illégaux dans le pays.