L'opposante birmane Aung San Suu Kyi, libérée samedi, est déterminée à se battre pour l'existence de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), parti avec lequel elle a mené tout son combat politique et dont elle conteste la dissolution par la junte.

La LND avait été dissoute en mai après avoir annoncé son boycott des élections du 7 novembre, les premières depuis 20 ans.

Ce parti avait largement remporté le précédent scrutin en 1990, mais n'a jamais été autorisé à exercer le pouvoir.

Il avait refusé de se prêter aux nouvelles règles électorales de la junte en les interprétant comme destinées à exclure sa figure de proue et secrétaire générale.

Mardi, la lauréate du prix Nobel de la Paix s'est rendue à la cour suprême de Rangoun. Elle a signé des documents relatifs à une plainte déposée en octobre contre la junte contre cette dissolution.

«Elle est prête à se battre pour l'existence de la LND. Elle va continuer la procédure légale», a indiqué son avocat et porte-parole Nyan Win, en précisant qu'elle avait signé une «déclaration sous serment» dans ce dossier, ce qu'elle n'avait pu faire lorsqu'elle était assignée à résidence.

La «Dame» de Rangoun a été libérée après sept ans de résidence surveillée, une semaine après des élections vivement condamnées par les pays occidentaux.

Elle a déjà été déboutée d'une première procédure contre la dissolution de son parti. La cour suprême de Naypyidaw, capitale du pays depuis 2005, doit décider jeudi si elle accepte ou non d'examiner la seconde.

Nyan Win a indiqué que Mme Suu Kyi ne se rendrait pas dans la capitale pour cette audience.

La LND avait été co-fondée par l'opposante en 1988, après un soulèvement populaire contre la junte dont la répression avait fait des milliers de morts et qui demeure aujourd'hui un évènement majeur de la Birmanie post-coloniale.

La décision de la Ligue de boycotter les dernières élections a été très critiquée par certains analystes et militants. Certains cadres ont fait sécession pour créer une nouvelle formation et présenter des candidats.

Les résultats officiels n'ont pas encore été annoncés.

Mais le parti-pro junte a déjà revendiqué une victoire écrasante avec quelque 80% des sièges aux assemblées régionales et nationales.