Le premier ministre japonais, Naoto Kan, a critiqué la récente visite du président russe Dmitri Medvedev dans les îles Kouriles lors de leur rencontre samedi, a-t-on appris auprès d'un responsable japonais.

«Le premier ministre Kan a protesté» devant le président Medvedev, a déclaré Tetsuro Fukuyama, porte-parole adjoint du gouvernement nippon, devant la presse à Yokohama (région de Tokyo) où les deux dirigeants se sont rencontrés en tête à tête en marge du sommet du Forum économique Asie-Pacifique (Apec).

M. Fukuyama a ajouté que M. Medvedev avait «fait part de la position» de Moscou, mais que la partie russe n'avait fait «aucune mention» d'une nouvelle visite possible du président sur ces îles contestées.

Le gouvernement japonais avait été ulcéré par la visite début novembre du président Medvedev sur l'une des quatre îles des Kouriles occupées par Moscou depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, mais revendiquées par le Japon.

Selon le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, M. Medvedev a prévenu M. Kan qu'il «valait mieux éviter les réactions émotionnelles et les postures diplomatiques, car elle ne font pas du tout avancer la question, voire l'inverse».

Juste avant le début des pourparlers, les deux dirigeants ont fait assaut d'amabilité, M. Kan accueillant M. Medvedev en espérant redémarrer «un dialogue global sur la base de la confiance mutuelle», son interlocuteur lui répondant vouloir créer «les fondations pour un renforcement du dialogue» entre les deux pays».

Ils sont tombés d'accord pour renforcer les liens russo-japonais sur le plan économique, malgré leurs divergences diplomatiques.

«J'ai rencontré le premier ministre du Japon. Je lui ai dit qu'un partenariat économique est plus utile que des débats insolubles ;)», a écrit, smiley à l'appui, le président russe sur sa page Twitter après la rencontre.

Joignant le geste à la parole, M. Medvedev a assisté à la signature d'un contrat de plus d'un milliard de dollars portant sur la construction, par le conglomérat d'industrie lourde japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et une société chinoise, d'une importante usine d'engrais dans la république russe du Tatarstan, dont l'annonce avait été faite il y a deux jours.

Mais sur le plan diplomatique, aucun progrès de fond n'est perceptible pour la résolution du conflit territorial.

Moscou et Tokyo se disputent quatre îles de l'archipel des Kouriles: Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri, annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l'annonce de la capitulation du Japon.

Etorofu et Kunashiri sont appelées Iturup et Kunashir par la Russie.

Le différend empêche depuis 65 ans la signature d'un traité de paix entre les deux pays.

Dans un communiqué remis à la presse à Yokohama, le Kremlin a souligné que «le principal obstacle à un accord résidait dans les revendications injustifiées de Tokyo sur les îles Kouriles du sud», appelées Territoires du Nord par le Japon.