Une nouvelle éruption du volcan du Mont Merapi, sur l'île indonésienne de Java (sud), a expulsé des cendres et gaz incandescents plus loin que prévu, brûlant des maisons en lisère du périmètre de sécurité et entraînant l'évacuation des habitants dans la panique. Les éruptions ont fait 122 morts depuis le 26 octobre, ont déclaré les autorités vendredi.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des soldats sont venus prêter main forte aux opérations de sauvetage à Bronggang, à 15km du cratère du mont Merapi. Jusqu'alors, ce village d'environ 80 familles était considéré comme se trouvant hors de la zone de danger. Au moins 58 cadavres ont été extraits des maisons carbonisées et encore fumantes, recouvertes par une couche de cendre atteignant jusqu'à 30 centimètres d'épaisseur par endroits.

De nombreux corps ont été retrouvés devant les habitations ou dans les rues, suggérant que les villageois ont succombé aux gaz en tentant de fuir, selon un chef-adjoint de la police, le colonel Tjiptono.

Des dizaines de blessés dont les vêtements, couvertures et même matelas se sont mêlés aux chair brûlées dans les nuages de gaz à 750 degrés Celsius, étaient emmenés sur des civières.

Les autorités ont élargi la zone de danger de 5km pour la porter à un périmètre de 20km autour du cratère, selon un vulcanologue de l'agence nationale, M. Subandrio (de nombreux Indonésiens n'utilisent que leur nom de famille).

La nouvelle éruption s'est produite juste avant minuit, et était six fois plus puissante que celle du 26 octobre. Elle a déclenché la fuite à moto d'hommes au visage couvert de cendre, suivis sur les pentes du volcan par des femmes et enfants dans des camions.

Vendredi, plus de 70 blessés souffrant pour la plupart de brûlures attendaient d'être soignés au petit hôpital de Sardjito, tandis que les cadavres s'entassaient à la morgue. «Nous sommes complètement débordés», a estimé un porte-parole de l'établissement, Heru Nogroho.

Une épaisse cendre blanche a également recouvert les pistes de l'aéroport voisin, à Yogyakarta, entraînant sa fermeture vendredi.

Le mont Merapi, dont le nom signifie «montagne de feu», est entré en éruption à plusieurs reprises depuis un siècle. En 1994, 60 personnes avaient péri, tandis qu'une éruption en 1930 avait brûlé une dizaine de villages et fait jusqu'à 1300 morts. Le plus grand danger vient des nuées ardentes, des coulées de gaz, de lave et de cendres qui ont dévalé les pentes sud du Merapi à 100km/h.

Contrairement aux attentes des vulcanologues indonésiens, les éruptions répétées n'ont pas réduit la pression qui s'accumule sous le dôme de magma, ces éruptions allant au contraire s'intensifiant. «Rien ne suggère à ce stade un apaisement dans un avenir proche», a déclaré l'un de ces experts, Syamsu Rizal.

En une semaine, plus de 75 000 habitant des pentes fertiles du mont Merapi ont été évacués, souvent de force, vers des camps et abris désormais bondés. Certains retournent dans les villages pour s'occuper du bétail pendant les accalmies du volcan.

L'Indonésie, archipel de 235 millions d'habitants, est régulièrement frappée par des tremblements de terre et éruptions volcaniques car elle se trouve sur l'"Anneau de feu», une série de failles en forme fer à cheval qui borde l'océan Pacifique.

Le 25 octobre, moins de 24 heures avant l'éruption du Merapi, un tsunami provoqué par un séisme sous-marin au large des côtes de Sumatra (nord-ouest) avait emporté des villages entiers dans les îles Metawai, faisant au moins 428 morts. Des milliers de personnes sont là aussi réfugiées dans des camps du gouvernement.