Barack Obama, qui avait cité Gandhi lors de son discours en recevant le prix Nobel de la paix en 2009, devrait recevoir un accueil prudent en Inde, New Delhi attendant de juger sur pièces son engouement affiché pour la plus grande démocratie du monde.

Le président américain effectue à partir de vendredi sa première visite officielle en Inde dans le cadre d'une tournée asiatique. Son prédécesseur George W. Bush avait marqué des points dans les relations bilatérales en permettant au pays de sortir de son isolement nucléaire.

L'élection d'Obama en 2008 avait été saluée en Inde avec le même enthousiasme que dans de nombreux autres pays, le premier ministre Manmohan Singh ayant qualifié son parcours jusqu'à la Maison-Blanche d'«inspiration pour le monde entier».

«Obama bénéficie d'une bonne image parce qu'il est progressiste, qu'il a fait des choses aux États-Unis considérées comme positives, telle la réforme de l'assurance-maladie, et pour son histoire personnelle», analyse Zoya Hassan, professeur de sciences politiques à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi.

Mais la ferveur initiale s'est essoufflée avec une série d'accrocs bilatéraux tels que le durcissement des procédures d'obtention de visas, l'opposition d'Obama à la délocalisation d'emplois américains et les désaccords sur la question des responsabilités industrielles en cas d'accident nucléaire.

Le sujet de contentieux le plus aigu demeure le soutien des États-Unis au grand rival de l'Inde, le Pakistan, considéré par Washington comme un allié clé dans la lutte contre le terrorisme.

Selon Zoya Hassan, les questions stratégiques bilatérales sont devenues plus complexes depuis l'arrivée d'Obama au pouvoir, et notamment depuis son annonce d'un retrait progressif des troupes américaines d'Afghanistan.

Le Pakistan est soupçonné en Afghanistan de chercher à s'y préserver une «profondeur stratégique», une stratégie qui consiste, selon Kaboul, à soutenir les talibans pour endiguer l'influence croissante de son rival indien.

Obama est attendu vendredi dans la capitale économique de l'Inde, Bombay, le jour de la fête hindoue des lumières, Diwali, et sa délégation de près de 600 personnes doit descendre à l'hôtel Taj Mahal, un choix hautement symbolique.

Cet établissement de luxe avait été pris pour cible par un commando islamiste basé au Pakistan fin novembre 2008 au cours d'attaques coordonnées dans la ville qui firent au total 166 morts.

«La décision de rester dans l'établissement qui avait été attaqué par des insurgés est en elle-même une forte déclaration contre le terrorisme», considère Ajit Tyagi, professeur d'études américaines à l'université de Delhi.

Obama doit en outre visiter la maison, aujourd'hui transformée en petit musée, où résidait le Mahatma Gandhi lorsqu'il se rendait à Bombay. Le président, qui a un portrait du héros de l'indépendance de l'Inde dans son bureau au Sénat, l'a souvent cité comme une source majeure d'inspiration.

En tant que premier président afro-américain, Obama est, lui, une source naturelle d'inspiration pour les dalits indiens, ces intouchables qui figurent au plus bas de l'échelle sociale et continuent d'être victimes de discriminations.

«La visite d'Obama a fait naître l'espoir au sein des défavorisés en Inde», juge Chandra Bhan Prasad, qui milite pour les droits des dalits. «Son arrivée à la tête du pays le plus puissant au monde a augmenté l'estime que nous avons de nous-mêmes», affirme-t-il.