Le volcan indonésien Merapi, qui avait causé la mort de 34 personnes mardi, est de nouveau fortement entré en éruption dans la nuit de vendredi à samedi, provoquant la fuite de milliers d'habitants effrayés par la puissance de l'explosion.

Cette série d'éruptions est l'une des deux catastrophes naturelles auxquelles est confrontée l'Indonésie depuis le début de la semaine et qui ont causé la mort d'au moins 451 personnes, selon un nouveau bilan établi samedi.

À plus de 1000 km du volcan, les autorités continuaient à éprouver des difficultés, notamment à cause du mauvais temps, à secourir les rescapés du puissant tsunami ayant provoqué la mort d'au moins 413 personnes sur l'archipel des Mentawaï, dans l'océan Indien.

La nouvelle éruption du Merapi, qui s'est produite samedi vers 01h00 (heure locale), a été plus puissante et sonore que celle de mardi, projetant des cendres incandescentes jusqu'à une vingtaine de kilomètres du cratère, ont indiqué des habitants à l'AFP. Elle n'a pas directement provoqué de décès mais deux personnes ont été tuées sur la route lorsque des milliers d'habitants ont pris la fuite en pleine nuit, portant le bilan à 38 morts depuis mardi.

«Cette éruption était deux fois plus forte», a témoigné Tarman, qui réside à 12 km du cratère. «J'ai entendu plusieurs explosions ressemblant à des coups de tonnerre. J'étais tellement effrayée que je tremblais de tout mon corps», a ajouté Mukinem, une mère de famille de 42 ans.

«De nouvelles éruptions explosives vont se produire car il y a une grande quantité de magma accumulée sous le cratère», a indiqué Subandrio, l'un des vulcanologues chargés de la surveillance du Merapi.

«Le Merapi est actuellement extrêmement dangereux», a-t-il réitéré, en précisant que les autorités devaient envisager d'étendre l'ordre d'évacuation à un rayon de 20 km autour du volcan contre 10 km jusqu'à présent.

Environ 50 000 personnes sont déjà accueillies dans les centres temporaires établis depuis lundi à proximité de Yogyakarta, la grande ville voisine.

Le Merapi, qui culmine à 2914 m dans le centre de l'île de Java, entre en éruption tous les quatre ou cinq ans, un rythme court pour un volcan. Près de 70 éruptions ont été recensées depuis le milieu du XVIe siècle, dont certaines dévastatrices, comme en 1930 (1400 morts) et 1994 (60 morts).

Sur l'archipel des Mentawaï, le dernier bilan officiel du tsunami de lundi s'établissait samedi à «au moins 413 morts» mais les autorités s'attendaient à ce qu'il dépasse 600, les chances de retrouver des survivants parmi les 298 disparus diminuant.

Les opérations de secours sont freinées par de mauvaises conditions météorologiques, avec une mer formée et de la pluie, qui aggravent les difficultés de transports vers les villages de pêcheurs dévastés par le raz-de-marée.

«Nous n'avons encore reçu aucune aide du gouvernement», se sont plaints plusieurs rescapés du village de Munte, rayé de la carte lorsqu'un mur d'eau «d'une dizaine de mètres de haut» a tout balayé sur 300 m à l'intérieur des terres.

Des vivres, des médicaments et des tentes ont bien été débarqués à Sikakap, le principal port de l'île de Pagaï du Nord. «L'aide est disponible en grande quantité. Malheureusement, le nombre de bateaux est insuffisant pour la distribuer rapidement», a regretté samedi Suryadi, un responsable des opérations de secours.

De nombreux pays ont proposé une aide matérielle ou financière à l'Indonésie, à l'instar de la Commission européenne qui a débloqué 1,5 million d'euros.