Au moins quatre personnes ont été tuées lundi dans un attentat à la bombe dans un mausolée soufi dans le centre du Pakistan, pays en proie à une vague très meurtrière d'attentats perpétrés essentiellement par les talibans et autres groupes radicaux alliés à Al-Qaeda.

Deux jeunes hommes ont abandonné une moto chargée de bidons de lait bourrés d'explosifs devant une des portes du mausolée de Hazrat Baba Fareed, dit Ganjshakar, un saint du soufisme, à Pakpattan, dans la province du Pendjab, ont raconté des témoins et des policiers.

Peu de temps après, la bombe a explosé libérant une gigantesque boule de feu, a ajouté un témoin.

«Quatre personnes sont mortes et une douzaine blessées», a déclaré à la presse Mohammad Kashif, le chef de la police locale.

Les lieux où les musulmans honorent la mémoire des saints soufis sont parmi les cibles privilégiées des militants intégristes au Pakistan, où plus de 3700 personnes ont été tuées ces trois dernières années dans plus de 400 attentats - suicide pour la plupart.

L'attentat a eu lieu à Pakpattan, à environ 190 km au sud de Lahore, la capitale du Pendjab, juste après la prière du petit matin.

Les talibans et autres groupes armés radicaux s'en prennent régulièrement aux lieux honorés par les soufis, un mouvement spirituel de l'islam que les intégristes considèrent comme hérétique.

Le 2 juillet, un double attentat suicide avait fait 42 morts dans le mausolée d'un saint soufi bondé de pèlerins à Lahore. Et le 7 octobre, neuf personnes ont péri également dans un double attentat suicide dans un mausolée soufi à Karachi, dans le sud.

Les cibles privilégiées des talibans pakistanais - sunnites radicaux - sont les forces de sécurité et les bâtiments officiels mais ils s'en prennent de plus en plus aux civils.

Les talibans, qui ont fait allégeance à Al-Qaeda, ont décrété à l'été 2007 le jihad à Islamabad pour son soutien à la «guerre contre le terrorisme» de Washington.

Leur fief, les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, sont devenues le principal sanctuaire dans le monde des cadres et combattants d'Al-Qaeda, mais aussi la base arrière des talibans afghans.

Les drones de la CIA y tirent quasi-quotidiennement des missiles pour tenter de tuer des responsables du réseau de Oussama ben Laden et des talibans afghans et pakistanais.

L'armée pakistanaise a perdu plus de 2400 hommes dans les zones tribales depuis fin 2001 quand Islamabad s'est allié aux États-Unis pour pourchasser les responsables des attentats du 11 septembre. Mais le Pakistan est soupçonné par certains responsables américains de ne pas faire assez pour tenter d'éliminer Al-Qaeda et certains talibans afghans.

Les offensives de l'armée dans les zones tribales ont cependant toujours déclenché un regain des attentats qui ensanglantent le Pakistan, dont la population et les forces de sécurité payent ainsi un très lourd tribut.

En fin de semaine dernière, lors d'une réunion bilatérale à Washington, les États-Unis ont annoncé le renouvellement de leur aide militaire au Pakistan, avec 2 milliards de dollars pour la période 2012-2016, saluant les efforts d'Islamabad contre les mouvements extrémistes.

Les États-Unis «n'ont pas de partenaire plus étroit en matière de contre-terrorisme» que le Pakistan, a souligné vendredi la secrétaire d'État Hillary Clinton.

La nouvelle aide doit encore être approuvée par le Congrès des États-Unis.