Le vice-président de la Chine, Xi Jinping, vient de franchir un nouveau pas pour succéder au président Hu Jintao en 2013. Il a été nommé hier au deuxième rang de la commission qui dirige l'Armée populaire. Son ascension signale le triomphe définitif des élites sur la Révolution culturelle des années 60: M. Xi est le fils d'un des compagnons d'armes de Mao et a hérité des contacts de son père.

Marié à une chanteuse populaire, héros anticorruption, enfant de l'élite: Xi Jinping détonne dans une Chine communiste peu habituée à un tel mélange de genres. Pourtant, l'ancien «petit prince» semble bel et bien destiné à succéder au président Hu Jintao.

Hier, M. Xi, qui est déjà vice-président, a été nommé au deuxième rang de la Commission militaire centrale, qui dirige l'Armée populaire de libération. C'est le même itinéraire que M. Hu, dont le mandat se terminera en 2013.

Cette nomination met un terme à une année de spéculations durant laquelle l'avenir de M. Xi a semblé incertain. Alors qu'il avait commencé son ascension vers la présidence au 17e congrès du Parti communiste, en 2007, sa nomination à la vice-présidence de la Commission militaire n'est pas survenue l'an dernier, lors de la quatrième plénière du comité central du Parti, comme les observateurs s'y attendaient. Un rapport du groupe de réflexion américain Brookings avait alors avancé que M. Xi, ingénieur chimiste, semblait avoir été doublé par Li Keqiang, issu d'un milieu rural plus humble.

«Après la «bande de Shanghai» de Deng Xiaoping et la «clique de la Ligue de la jeunesse» de Hu Jintao, il va falloir s'habituer à parler des «petits princes» qui gravitent autour de Xi Jinping», explique Alice Miller, sinologue à l'Institut Hoover de l'Université Stanford en Californie, qui édite la revue China Leadership Monitor. «C'est un groupe qui n'est pas homogène, mais dont les membres partagent les mêmes intérêts et, surtout, se connaissent depuis l'enfance, quand ils fréquentaient les mêmes cercles de l'élite. Mais, contrairement à Deng et Hu, il devra aussi tirer son pouvoir d'un cercle plus large, en tirant profit de ses expériences de dirigeant et de ses contacts au parti.»

Le vice-président Xi a notamment été appelé deux fois à lutter contre la corruption - la première, il y a 10 ans, dans la province du Fujian, puis depuis 2007 à Shanghaï. Il s'est récemment illustré avec des accords énergétiques importants avec la Russie et l'Australie. Son père, Xi Zonghxun, a été le père de la première «zone économique spéciale» chinoise, consacrée exclusivement aux exportations, à la fin des années 70 à Shenzhen. La famille Xi avait été exilée à la campagne durant la Révolution culturelle, à la fin des années 60, mais était revenue en grâce avec la mort de Mao.

Comment changera la Chine avec une présidence Xi (prononcé «che»)? Les observateurs le créditent d'une orientation plus libérale que son rival, Li Keqiang. Mais, selon la BBC, il est depuis l'an dernier président d'une commission responsable de la surveillance de l'internet. Pendant les Jeux olympiques de 2008, le Wall Street Journal lui a attribué la décision de remplacer la petite fille de 9 ans qui chantait l'hymne de la cérémonie d'ouverture, Yang Peiyi, par une fillette jugée plus photogénique.