Des membres des forces de sécurité indonésiennes ont été filmés alors qu'ils torturaient un présumé militant séparatiste en Papouasie, brûlant ses parties génitales pendant qu'il hurle de douleur et menaçant de lui tirer une balle dans la bouche, ont affirmé lundi des militants des droits de la personne.

Le corps de la victime présumée, Werius Selenggen, a été retrouvé peu de temps après dans une région montagneuse, où policiers et soldats cherchaient des armes et des insurgés, selon la Commission nationale sur les droits de la personne, un organisme indépendant.

La vidéo de 10 minutes - dont copie a été obtenue par la Commission asiatique des droits de la personne, à Hong Kong - semble avoir été tournée avec le téléphone portable d'un des interrogateurs.

Un porte-parole de l'armée a confirmé que les tortionnaires, qui portent des vêtements civils, étaient des soldats, mais il a demandé pourquoi la vidéo a été tournée et pourquoi elle est rendue publique.

On voit les hommes se rassembler autout de M. Selenggen, qui est couché nu sur le sol dans le village éloigné de Puncak Jaya. Un d'entre eux lui écrase la poitrine pendant qu'un autre lui demande où sont cachées les armes. M. Selenggen répond qu'il n'en sait rien et qu'il n'est qu'un simple villageois. Un autre soldat lui assène alors un coup de pied au ventre pendant qu'un de ses camarades lui écrase une cigarette allumée contre le visage.

L'interrogateur perd ensuite patience et ordonne à un soldat de lui brûler les parties génitales, pendant qu'un autre place une arme contre sa bouche et menace de tirer.

M. Selenggen était membre d'une église locale, qui était soupçonnée d'avoir aidé à cacher les séparatistes et leurs armes. Son corps a été retrouvé à la fin de 2009, mais la cause exacte de son décès n'est pas connue.

L'Indonésie a réalisé de grands progrès depuis la fin, il y a une dizaine d'années, de la dictature qui durait depuis 32 ans. Les soldats et les policiers sont toutefois toujours accusés de commettre des crimes en Papouasie, des allégations difficiles à vérifier puisque le gouvernement interdit l'accès de la province aux journalistes, militants des droits de la personne et chercheurs.

Des vidéos brutales sont toutefois de plus en plus fréquemment diffusées en ligne. Plus tôt cette année, des images d'un prisonnier qui venait apparemment d'être éventré par des soldats ont été mises sur le Web. On y entend les soldats se moquer de leur victime présumée pendant qu'elle se meure, la traitant d'athée et de sauvage.