La Chine, dont les velléités territoriales en Asie-Pacifique suscitent de vives inquiétudes, a assuré ne menacer personne et vouloir promouvoir la coopération régionale mardi à Hanoï, lors de la première rencontre des ministres de la Défense des États-Unis et d'Asie-Pacifique.

Le forum, qui réunit 18 pays, avait été précédé lundi de réunions bilatérales, notamment entre les plus hauts responsables de la défense chinois, japonais et américain. Il s'est ouvert sur des déclarations apaisantes de Pékin.

«La politique de défense (...) de la Chine n'a pas pour but de défier ou de menacer qui que ce soit, mais d'assurer sa sécurité et de promouvoir la paix et la sécurité internationales et régionales», a déclaré le ministre chinois de la Défense, Liang Guanglie.

La stratégie de Pékin est «par nature défensive», a-t-il assuré.

Réponse, quelques minutes plus tard du secrétaire américain à la Défense, Robert Gates: «Les querelles concernant des revendications territoriales et l'utilisation appropriée de l'espace maritime semblent mettre de plus en plus en danger la stabilité et la prospérité régionales».

Sans mentionner Pékin ni prendre position sur ces différends, il a appelé à les résoudre «pacifiquement, sans force ni coercition, par l'intermédiaire de processus diplomatiques et de coopération», et en respectant le droit international.

La Chine s'oppose à plusieurs États du sud-est asiatique (Asean: Brunei, Birmanie, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam) à propos de la souveraineté sur des archipels en mer de Chine méridionale, notamment les Spratleys et les Paracels.

Elle sort par ailleurs d'une grave crise diplomatique avec le Japon, consécutive à la détention par Tokyo pendant quelques semaines du capitaine d'un chalutier chinois près d'îlots contestés en mer de Chine orientale. Et elle avait protesté cet été contre des manoeuvres américano-sud-coréennes en mer jaune, dans un contexte de tension croissante avec la Corée du Nord.

La réunion, la première du genre, réunit les dix pays de l'Asean, leurs six partenaires habituels de la région (Inde, Chine, Japon, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande) ainsi que les États-Unis et la Russie.

«Cette réunion est une nouvelle et importante étape de la coopération de l'Asean dans le domaine de la défense», a déclaré le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung, dont le pays assure la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du sud-est.

Les appétits chinois dans la région, officiellement, ne figuraient pas au programme des discussions, à l'inverse de questions telles que le crime organisé transnational et la gestion des catastrophes naturelles.

Mais les observateurs estimaient que le sujet ne pouvait être ignoré.

Lundi, il n'était pas au menu de l'entretien de Liang Guanglie avec Robert Gates. «C'est clairement dans la tête de tout le monde et (...) ça tombe dans la rubrique de la sécurité maritime», a pourtant relevé le responsable américain.

Les États-Unis défendent un règlement multilatéral des conflits territoriaux dans le Pacifique. Un voeu que partage l'Asean, à la recherche d'un «code de conduite» contre des dérapages potentiellement dangereux.

Le Vietnam, pays hôte, dont les relations avec Washington ne cessent de s'améliorer, pousse dans le même sens. Mercredi, Hanoï avait demandé à la Chine de libérer neuf marins arrêtés il y a un mois au large de l'archipel des Paracels. Un saisissant parallèle avec la querelle sino-japonaise.