La célèbre dissidente birmane Aung San Suu Kyi, privée de liberté par la junte pendant la majorité des vingt dernières années, sera libérée quelques jours après les élections du 7 novembre, ont indiqué jeudi des sources officielles birmanes.

La lauréate du prix Nobel de la paix n'a pas vécue librement depuis sa dernière arrestation, en 2003.

Elle avait été de nouveau condamnée en août 2009 à 18 mois supplémentaires de résidence surveillée, après l'intrusion en mai d'un illuminé américain qui s'était s'introduit à la nage à son domicile de Rangoun, situé sur les rives d'un lac.

Les analystes et la communauté internationale avaient alors violemment protesté, exigeant en vain la libération de l'unique réelle figure alternative au régime du généralissime Than Shwe.

«Sa détention sera terminée le 13 novembre, une semaine après les élections en Birmanie. Elle sera libérée conformément à la loi», a indiqué jeudi un responsable birman, sous couvert de l'anonymat.

«Le mois de novembre sera très chargé pour nous, à cause des élections et de la libération de Mme Aung San Suu Kyi. Elle sera libérée une semaine après les élections», a confirmé une autre source officielle.

Les législatives sont considérées comme une mascarade en Occident, qui n'y voit qu'une volonté des militaires de se muer artificiellement en un régime civil sans céder une once de pouvoir.

ONU, États-Unis et Union européenne estiment en particulier que le scrutin ne peut avoir la moindre signification en l'absence de Mme Suu Kyi. En 1990, la précédente consultation nationale avait été remportée haut-la-main par son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), sans que les résultats ne soient jamais été reconnus.

Depuis, la LND a disparu du paysage politique légal. Les lois électorales de mars dernier ont obligé ses dirigeants à choisir entre exclure sa fondatrice de ses instances, ou renoncer au scrutin. Le parti a choisi le boycott et a, en conséquence, été dissous par le pouvoir.

Jeudi, l'avocat de l'opposante a confirmé la date de libération.

«Mme Suu doit être libérée le 13 novembre. Il n'y a plus de loi qui justifie sa résidence surveillée», a affirmé Nyan Win, qui est aussi le porte-parole de la défunte LND. «Nous n'avons rien prévu pour l'instant. Nous ferons ce qu'elle nous dira de faire. Nous attendons ce moment».

Depuis 1989, la dissidente a passé trois séjours en prison ou en résidence surveillée, pour un total de plus de 15 ans.

Mi-septembre, le quotidien gouvernemental «News Lights of Myanmar» avait sommé implicitement la LND de cesser de protester contre sa dissolution et menacé d'emprisonnement quiconque voudrait s'opposer aux élections.

Le journal, considéré comme la voix du pouvoir, avait indiqué que l'incitation à ne pas voter pourrait valoir une peine d'emprisonnement «n'excédant pas un an».

La junte a par ailleurs annoncé que la figure de proue de l'opposition serait autorisée à voter, quelques jours après avoir affirmé le contraire. Un changement de cap qui n'a cependant pas satisfait la communauté internationale.

Les États-Unis ont réaffirmé peu après que Mme Suu Kyi ne devrait pas seulement être autorisée à voter, mais devrait être libérée, se déclarant «préoccupés par le climat d'oppression politique dans le pays».

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déclaré pour sa part lundi, après une réunion ministérielle de l'ONU sur le sujet, que les élections ne seraient pas crédibles sans sa libération.