Cinq civils ont été blessés, dont deux grièvement, lorsque la police indienne a ouvert le feu mardi au Cachemire sur des manifestants qui jetaient des pierres, en violation d'un couvre-feu, au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière, selon les autorités.

Les principaux incidents de mardi se sont produits à Srinagar, capitale d'été du Cachemire indien, et dans le district de Baramulla (nord), ont indiqué des responsables locaux.

La police a aussi recouru à des gaz lacrymogènes et à des tirs de sommation pour disperser des manifestants dans d'autres secteurs de cette région himalayenne où la population est majoritairement musulmane.

Lundi avait été la journée la plus sanglante (18 morts) depuis le début d'un mouvement de protestation en juin contre l'autorité de New Delhi.

Les actes de violence, quasi-quotidiens depuis plus de trois mois, s'étaient aggravés après la diffusion d'images montrant un groupuscule chrétien déchirant des pages du Coran samedi devant la Maison-Blanche à Washington.

Un couvre-feu avait été instauré dans la quasi-totalité du Cachemire indien pour «maintenir la paix», a indiqué la police de Srinagar. Les vols à l'arrivée ou en provenance de Srinagar avaient aussi été suspendus.

La vague de troubles, qui a débuté le 11 juin après la mort d'un étudiant de 17 ans tué par la police lors d'une manifestation séparatiste, a fait au moins 88 morts, des civils pour l'essentiel tués par les balles des forces de sécurité indiennes.

Le gouvernement indien, réuni lundi soir, a finalement décidé de ne pas lever l'état d'urgence, ne serait-ce que partiellement, en vigueur au Cachemire depuis 20 ans et qui suscite la colère des habitants. Des centaines de milliers de soldats sont déployés au Cachemire dont l'autre partie est contrôlée par le Pakistan.

Le gouvernement indien n'a rien annoncé, sauf la tenue d'une réunion multipartite dans la semaine, pour discuter de la situation.

Les violences de lundi ont été provoquées par la diffusion d'images montrant un groupuscule chrétien déchirant des pages du Coran aux États-Unis, a précisé la police. Les autorités ont interdit la diffusion sur le câble de la chaîne iranienne de télévision (Press TV) qui avait passé ces images.

Des manifestants ont notamment incendié une école religieuse chrétienne dans le village de Tangmarg (ouest), sans faire de victime. Mais la police a ensuite tiré sur la foule, qui selon elle mettait le feu à des bâtiments gouvernementaux, et a tué six personnes.

Les tensions étaient vives bien avant l'incident du Coran.

La partie indienne du Cachemire est le théâtre d'une insurrection contre l'administration de New Delhi, qui a fait plus de 47.000 morts depuis 1989, selon des chiffres officiels.

Un processus de paix entamé en 2004 avec le Pakistan avait permis d'enrayer la violence avant la recrudescence du début de l'été.

New Delhi y voit l'oeuvre en sous-main d'extrémistes pakistanais. Mais de nombreux dirigeants locaux estiment que le désespoir des jeunes et l'intransigeance de l'Inde ont mis le feu aux poudres. La région de 12 millions d'habitants compte environ 400.000 jeunes chômeurs.

Selon un sondage publié dimanche, environ deux tiers des habitants du Cachemire indien aspirent à l'indépendance de leur région et moins d'un sur dix souhaite être rattaché au Pakistan.