Le Parlement népalais a échoué lundi pour la cinquième fois à élire un nouveau premier ministre, suscitant une mise en garde du président de cette petite République himalayenne contre une crise de la démocratie après trois mois de vacance du pouvoir.

Le Népal n'a plus de gouvernement depuis le mois de juin lorsque l'ancien premier ministre Madhav Kumar Nepal avait démissionné sous la pression du parti d'opposition maoïste. Depuis, les dirigeants des principaux partis n'ont pas réussi à trouver un accord pour mettre en place un gouvernement de coalition.

Un porte-parole du président népalais Ram Baram Yadav a déclaré qu'il était «profondément troublé» par la crise politique, appelant les dirigeants à parvenir à un consensus.

«Le président est profondément troublé (...). Il craint que l'opinion commence à perdre foi dans les institutions démocratiques et dans le processus démocratique», a déclaré à l'AFP Rajendra Dahal.

«Il a fait état de ses inquiétudes à chacun, y compris aux chefs de parti et au premier ministre» qui a démissionné.

Les maoïstes, qui ont mené contre l'État une sanglante guerre civile de dix ans avant de créer un parti politique et d'arriver brièvement au pouvoir en 2008, détiennent le plus grand nombre de sièges au Parlement, mais pas assez pour gouverner seuls.

Les 601 membres du Parlement devaient de nouveau trancher entre deux candidats: le dirigeant maoïste Pushpa Kamal Dahal ou le chef du deuxième plus important parti, le parti centriste du Congrès, Ram Chandra Poudel, mais aucun des deux n'a réussi à s'assurer le soutien de plus petits partis.

M. Dahal a obtenu 246 voix, soit 55 voix de moins que la majorité requise, tandis que M. Poudel en a remporté 124.

Un sixième vote a été fixé à septembre.

L'impasse dans laquelle se trouve le Népal freine les progrès du processus de paix entamé à la fin de la guerre civile en 2006 et empêche le vote du budget annuel, reportant du même coup la mise en oeuvre de dépenses publiques dont le pays a un besoin pressant.

«Si le budget n'est pas adopté bientôt, nous allons au devant de nombreux problèmes. Les investisseurs vont perdre confiance et nous aurons des difficultés à mettre en oeuvre des projets de développement», a prévenu un porte-parole du ministère des Finances, Lokdarshan Regmi, interrogé par l'AFP.