Les forces de sécurité indiennes tentaient samedi de faire respecter de stricts couvre-feux dans certaines parties du Cachemire à majorité musulmane au lendemain de deux nouveaux décès lors de manifestations contre l'autorité de New Delhi.

Les tensions sont très vives dans cette région himalayenne où, au total, 62 manifestants et passants, pour la plupart des jeunes, ont été tués depuis deux mois dans des incidents à caractère politique.

Les forces de sécurité ont déroulé des barbelés et établi des barrages samedi dans des quartiers de Srinagar, principale ville du Cachemire indien où une insurrection se poursuit depuis deux décennies.

«La majeure partie de Srinagar et trois autres localités sont sous le régime du couvre-feu», a déclaré à l'AFP un officier de police sous le couvert de l'anonymat.

De fait, les autorités n'ont cessé d'imposer des couvre-feux pour essayer de contenir des manifestations alimentées par la mort de civils depuis le 11 juin lorsqu'un adolescent a été tué par une grenade lacrymogène de la police à Srinagar.

Vendredi, la police a déclaré avoir ouvert une enquête - fait rarissime - après la mort d'un jeune tué par des balles tirées par des forces paramilitaires dans la localité de Sopore (nord).

Ce décès a provoqué de nouveaux rassemblements au cours desquels un second homme est mort dans la localité de Bijbehara (sud).

Ces deux décès sont à l'origine de ces nouvelles manifestations qui se sont étendues dans la région.

Samedi, des centaines de personnes, hommes, femmes et enfants ont protesté à Bemina, dans les environs de Srinagar, après l'interpellation d'une trentaine de jeunes par les forces de sécurité, a annoncé la police.

La police a dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes et de matraques.

La police a fait état de manifestations dans plusieurs autres endroits de la région, à la suite d'un appel lancé par des séparatistes musulmans.

Des organisations de défense des droits de l'homme accusent les forces de New Delhi d'utiliser la force de manière disproportionnée depuis le début des manifestations quasi-quotidiennes il y a deux mois.

Le Cachemire indien est le théâtre depuis vingt ans d'une insurrection contre l'administration de New Delhi qui a fait plus de 47 000 morts, mais un processus de paix entamé en 2004 avec le Pakistan avait permis d'enrayer la violence.

New Delhi voit dans la nouvelle spirale de violences l'oeuvre en sous-main d'extrémistes pakistanais. Mais de nombreux dirigeants politiques locaux estiment que le désespoir des jeunes sur leur avenir a mis le feu aux poudres. La région, peuplée de 12 millions d'habitants, compte environ 400 000 jeunes chômeurs.