La Corée du Nord est le purgatoire de l'internet, ses 23 millions d'habitants devant se contenter d'une poignée de connexions à la Toile. Un directeur d'usine a même été exécuté en 2007 parce qu'il avait fait des appels internationaux non autorisés. Mais cela n'empêche pas le royaume ermite de souscrire aux dernières tendances des communications sociales. Le Parti communiste nord-coréen vient d'ouvrir des comptes Twitter et YouTube.

«C'est visiblement destiné à une clientèle externe, aux Sud-Coréens en particulier», explique Marcus Noland, économiste de l'institut Peterson à Washington, qui a publié en 2008 une analyse du secteur nord-coréen des télécommunications.

«Ça ne signifie pas que l'internet progresse dans le pays. Au contraire, le réseau semble de plus en plus étroitement supervisé. Les quelques tentatives d'ouverture de la dernière décennie sont définitivement révolues.»

Pour le moment, le site Twitter et les vidéos sur YouTube (Uriminzokkiri, une variation sur le slogan «Notre peuple») ne sont qu'en coréen. On trouve sur YouTube une vidéo de propagande - une histoire ferroviaire édifiante au style suranné -, un documentaire sur l'entretien des trains, un bulletin d'information où on ne voit que le présentateur et deux reportages au montage vaguement occidental, ton de voix dramatique à l'appui.

Les télécommunications en Corée du Nord sont presque à l'âge de pierre, selon M. Noland. Dans son rapport de 2008, il a indiqué que des centres importants comme des usines de production d'électricité utilisaient encore, en 2005, des téléphones à cadran.

Les autorités avaient donné dans les années 90 un contrat à une firme française pour la production de matériel de connexion plus moderne, qui aurait éventuellement été produit en Corée du Nord. Mais après avoir fixé en 2003 un objectif ambitieux - que toutes les résidences du pays aient le téléphone avant 2008 -, des craintes d'espionnage ont mené au resserrement des autorisations. C'est dans ce cadre qu'un dirigeant d'usine a été exécuté en 2007 pour avoir fait des appels internationaux non autorisés.

Le pays n'a que 1,1 million de lignes de téléphone, le plus bas taux du monde. Seule lueur d'espoir, une société égyptienne, Orascom, a reçu en 2008 le mandat de mettre sur pied un réseau de téléphones cellulaires. «Il y a déjà eu une tentative du même genre, et les téléphones ont été confisqués au bout de quelques années», note M. Noland.

L'automne dernier, le magazine Time a néanmoins rapporté qu'une guide touristique à Pyongyang avait exhibé un portable, qui lui aurait été offert par son fiancé.