De nouveaux heurts se sont produits mardi au Cachemire indien, faisant deux morts lors de manifestations dans la capitale d'été Srinagar, en dépit d'un appel à «briser le cycle de la violence» lancé la veille par le chef du gouvernement de cette région à majorité musulmane.

Quarante-et-une personnes ont été tuées depuis le début des violences le 17 juin, date à laquelle un étudiant de 17 ans avait été tué par les forces de sécurité lors d'une manifestation contre l'administration indienne. Il s'agit des pires violences depuis deux ans.

Selon la police, les dernières victimes sont deux jeunes hommes tués mardi lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser des manifestants qui jetaient des pierres sur la police à deux endroits distincts de Srinagar, en dépit du strict couvre-feu imposé la veille par les autorités.

Dans le village d'Ompora, à la périphérie de Srinagar, deux personnes ont par ailleurs été grièvement blessées.

Lundi, six personnes, dont un enfant de 9 ans, avaient été tuées lors de heurts entre manifestants et forces de sécurité, selon la police et des témoins.

Le chef du gouvernement du Cachemire indien Omar Abdullah s'est rendu lundi à New Delhi pour une réunion de crise avec le gouvernement fédéral.

«Nous nous sommes tragiquement enfermés dans un cycle de violences où les manifestations ont mené à la mort, entraînant de nouvelles manifestations et de nouvelles victimes», a-t-il déclaré lors d'un point de presse à l'issue de sa rencontre avec le premier ministre Manmohan Singh et plusieurs ministres.

«Nous devons briser le cycle», a-t-il ajouté, soulignant que le problème du Cachemire était avant tout «politique». Il a demandé au gouvernement fédéral un renfort de troupes paramilitaires pour faire respecter le couvre-feu, jusqu'à présent largement ignoré par la population.

Les nouveaux morts mardi ont faire sortir dans les rues de Srinagar une foule compacte qui scandait des slogans contre l'Inde tandis que le corps d'une victime était transporté sur un brancard.

Des journalistes disposant d'autorisations pour se déplacer en dépit du couvre-feu ont été empêchés de suivre la procession lorsque des forces militaires ont procédé à des tirs de sommation, a constaté un photographe de l'AFP.

Le Cachemire indien est le théâtre depuis vingt ans d'une insurrection contre l'administration de New Delhi qui a fait plus de 47 000 morts, mais un processus de paix entamé en 2004 avec le Pakistan, qui contrôle l'autre partie de cette région himalayenne, avait permis d'enrayer la violence.

Le contrôle de cette région a été le motif de deux des trois guerres qui ont opposé les deux pays rivaux depuis 1947.

New Delhi voit dans la nouvelle spirale de violences l'oeuvre en sous-main d'extrémistes pakistanais. Mais de nombreux dirigeants politiques locaux estiment que le désespoir des jeunes sur leur avenir a mis le feu aux poudres. La région, peuplée de 12 millions d'habitants, compte environ 400 000 jeunes chômeurs.

Le Jammu-et-Cachemire est le seul État de l'Union indienne où la population est majoritairement musulmane. Des partis pro-Inde réclament une autonomie de la région tandis que des séparatistes modérés exigent son indépendance et que des radicaux continuent de militer pour un rattachement au Pakistan.