Le 28 juin 1950, Lester B. Pearson, alors secrétaire d'État aux Affaires extérieures, annonçait la décision du Canada «d'accorder toute son aide» à la Corée du Sud qu'avait envahie trois jours plus tôt la Corée du Nord. La guerre froide connaissait sa première confrontation ouverte et la mission des Nations unies s'avérera plus dangereuse que prévu dans les chancelleries du «monde libre».

Les deux Corées ont souligné vendredi, sur un ton acrimonieux, le 60e anniversaire du début de «leur» guerre, premier conflit armé de la deuxième moitié du XXe siècle, le «siècle de fer».

 

«Tous les faits historiques montrent que ce sont les impérialistes américains qui ont provoqué la guerre en Corée», écrivait l'agence officielle nord-coréenne KCNA tandis qu'à Séoul, le président Lee Myung-bak déclarait devant une assemblée de représentants des pays qui avaient appuyé la Corée du Sud: «Il y a 60 ans aujourd'hui, les communistes nord-coréens ont ouvert le feu sur tous les fronts du 38e parallèle, alors que tout le monde dormait paisiblement.»

Ce ton tranche vivement avec l'ambiance qui régnait en 2000, lors du 50e anniversaire du début de la «guerre oubliée», alors que les anciens belligérants s'étaient rencontrés pour la première fois au sommet de Pyongyang. Dix ans plus tard, les relations entre les frères ennemis sont au plus mal depuis que, selon les conclusions d'une enquête internationale, un sous-marin nord-coréen a torpillé, le 26 mars dernier, une corvette de la marine de la Corée du Sud, qui réclame des excuses pour cette «provocation».

Niant toute implication, Pyongyang menace de son côté de rouvrir les hostilités. Les deux pays sont toujours techniquement en guerre puisque aucun traité formel n'a été signé après le conflit commencé il y a 60 ans.

Début des hostilités

Vers 4h du matin, le dimanche 25 juin 1950, l'artillerie de la Corée du Nord commence à pilonner les positions sud-coréennes et, dans l'heure, ses unités d'infanterie (135 000 hommes) franchissent le 38e parallèle. La guerre de Corée vient de commencer, moins de cinq ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, qui avait laissé le monde divisé en deux blocs. Dans la péninsule coréenne, depuis la capitulation du Japon, le 38e parallèle sert de ligne de démarcation entre les Corées et leurs alliés: les Chinois et les Soviétiques au nord, les Américains et les autres au sud.

L'ONU condamne l'attaque nord-coréenne et confie le commandement de la riposte aux États-Unis, auxquels se joignent 15 pays, dont le Canada. Sur le terrain, l'initiative est au Nord, qui prend Séoul. MacArthur reprend vite la capitale du Sud mais, à la surprise de ses alliés, mène la contre-attaque jusqu'au nord du 38e. La Chine intervient et le conflit «local» risque de dégénérer en guerre mondiale, MacArthur ayant suggéré l'usage d'armes nucléaires. Le 11 avril 1951, il est limogé par le président Harry Truman.

Une semaine plus tard, le 2e Bataillon du Royal 22e Régiment, commandé par le lieutenant-colonel J.A. Dextraze - qui deviendra chef d'état-major de la Défense -, arrive en Corée. Les «VanDoos», la seule unité canadienne-française de l'armée canadienne à l'époque, relèveront le Princess Patricia Canadian Light Infantry sur le front en juin 1952.

Canadiens tombés au combat

Quelque 3500 membres du Royal 22e Régiment ont servi en Corée; 104 sont tombés au combat, soit le tiers des pertes canadiennes totales. Un monument national des vétérans de la Corée s'élève aujourd'hui au cimetière Meadowvale, près de Brampton, en Ontario.