La police indonésienne a mené lundi des raids dans plusieurs écoles afin de s'assurer que les élèves n'avaient pas téléchargé des vidéos sexuelles mettant en scènes un célèbre chanteur et deux animatrices de télévision.

Cette opération est menée dans le cadre d'un retentissant scandale lancé par la diffusion sur l'internet, il y a dix jours, de vidéos montrant Nazril Irham, surnommé Ariel, vedette d'un groupe de rock, faisant l'amour avec Luna Maya, sa compagne, et Cut Tari, une animatrice mariée.

Ce scandale - le premier de ce genre dans le pays musulman le plus peuplé au monde - embarrasse les autorités, qui tentent, sans grand succès jusqu'à présent, de limiter la propagation des vidéos via Internet, twitter, e-mail et DVD pirates.

Pour cela, la police a contrôlé lundi les téléphones portables dans plusieurs écoles de l'est de l'île de Java après des raids menés ces derniers jours dans des cafés internet.

«L'opération est conduite pour éloigner les élèves des vidéos» car «ils ne sont pas censés regarder ce genre d'images», a expliqué un responsable policier local, Sri Sukorini. «Nous ciblons les lycéens car la plupart d'entre eux possèdent un portable».

À Jakarta, parallèlement, la police a décidé de convoquer les trois vedettes impliquées pour les interroger sur la fabrication et la diffusion de ces vidéos. Cut Tari a été entendu toute la journée de lundi.

Elles sont passibles d'une peine de prison de douze ans maximum s'il est prouvé qu'elles sont bien les personnes filmées, comme le prévoit la loi «anti-pornographie» adoptée fin 2008.

Ariel et Luna Maya sont sortis de leur silence lundi pour exprimer à la télévision leur «état de choc» face à un scandale qui les «dépasse». «Nous sommes les victimes (...) Notre réputation est détruite», a déclaré la jeune femme de 26 ans.

Le ministre de la Communication et de l'Information Tifatul Sembiring, élu d'un parti islamique, a réclamé «une lourde punition» pour le ou les diffuseurs des images.

Des défenseurs des libertés publiques craignent que le gouvernement n'utilise cette affaire pour renforcer les contrôles d'Internet. «Ces raids (dans les écoles) sont stupides. La police fait du zèle parce que même la loi anti-pornographie n'interdit pas la possession de vidéos pornos», a indiqué Ade Armando, professeur de communication à l'université d'Indonésie.

Le scandale a déjà eu un impact publicitaire avec le retrait d'une campagne de pub pour un savon du groupe Unilever vanté par Ariel et Luna.