La Corée du Nord a procédé lundi à des changements clefs au coeur du pouvoir en remplaçant le premier ministre et surtout en attribuant la vice-présidence de la puissante Commission nationale de défense (CND) au beau-frère de Kim Jong-Il, selon l'agence officielle KCNA.

Kim Jong-Il a assisté à une rare session annuelle supplémentaire du Parlement qui a propulsé Jang Song-Thaek comme numéro 2 de la CND, un organisme clef dont dépend directement l'Armée populaire de Corée, selon la même source.

Kim Jong-Il, qui concentre de facto tous les pouvoirs du régime, préside la CND.

Par ailleurs, le premier ministre Kim Yong-Il a été remplacé par Choe Yong-Rim qui dirige la section du Parti (unique) des travailleurs à Pyongyang.

La nomination de Jang Song-Thaek à la CND peut laisser penser que Kim Jong-Il, 68 ans, pose les jalons en vue d'un transfert de pouvoir à son troisième fils, Jong-Un.

Car la question de la succession a pris une nouvelle dimension depuis l'attaque cérébrale dont Kim Jong-Il aurait été victime en août 2008.

Le rôle de Jang au sein du parti n'a cessé de prendre de l'importance ces dernières années et certains experts le voient bien assumer des fonctions de «régent» si Jong-Un vient à hériter du pouvoir.

Dans une brève dépêche, l'agence officielle nord-coréenne KCNA, reçue à Séoul, a indiqué que les parlementaires avaient abordé la question du changement de premier ministre ainsi que de «questions d'organisation».

Trois vice-Premiers ministres ont en outre été démis de leurs fonctions ainsi que trois ministres chargés des secteurs de l'industrie, de l'alimentation et des sports.

C'est la première fois depuis 2003 que l'Assemblée suprême du peuple (ASP, parlement) se réunit deux fois la même année. La précédente session, le 9 avril, avait été consacrée à des questions économiques.

Le nouveau premier ministre, Choe Yong-Rim avait, selon la presse du régime, pris la parole le 30 mai devant quelque 100 000 personnes à Pyongyang pour accuser la Corée du Sud d'attiser la tension à la frontière après le naufrage d'un navire de guerre du Sud attribué aux Nord-Coréens.

Pyongyang a rejeté toute responsabilité dans cet incident maritime survenu le 26 mars et qui a coûté la vie à 46 marins sud-coréens, mais une enquête internationale a attribué le naufrage du Cheonan à une torpille nord-coréenne.

La Corée du Sud a saisi vendredi formellement le Conseil de sécurité de l'ONU au sujet de l'incident, l'un des plus graves depuis l'armistice de la guerre de Corée en 1953.

Dimanche, la Commission pour la réunification pacifique de la mère patrie a promis à Séoul une «punition sévère» pour l'action diplomatique déclenchée aux Nations unies. «C'est pour nous une autre provocation intolérable et sérieuse», a estimé cette commission chargée des relations avec la Corée du Sud.