Le premier ministre japonais Yukio Hatoyama et son gouvernement ont remis vendredi leur lettre de démission, huit mois et demi après leur arrivée au pouvoir, et un nouveau chef de gouvernement doit être élu dans la journée.

Naoto Kan, 63 ans, qui occupait les postes de vice-Premier ministre et ministre des Finances dans le gouvernement sortant, est donné favori pour prendre la succession, selon tous les médias.

Un seul autre prétendant s'est déclaré, Shinji Tarutoko, un député quasiment inconnu de 50 ans.

L'élection va se dérouler en deux temps: vers 12H30 (03H30 GMT), les quelque 423 parlementaires du Parti Démocrate du Japon (PDJ, au pouvoir) vont élire leur nouveau président, qui se présentera à partir de 14H00 (05H00 GMT) au Parlement pour être désigné Premier ministre.

À la sortie de la dernière réunion du gouvernement, le ministre de la Défense, Toshimi Kitazawa, a déclaré à la presse: «Ces quelque huit mois ont été très remplis».

M. Kitazawa a été occupé pendant tout son mandat par le déménagement de la base américaine de Futenma sur l'île d'Okinawa, au sud de l'archipel japonais, qui a refroidi les relations avec les États-Unis et coûté son poste au premier ministre Hatoyama.

«Nous devons reconstruire avec sérieux les relations entre le Japon et les États-Unis», a-t-il dit.

M. Hatoyama et sa coalition de centre-gauche avaient promis de retirer la base aérienne de Futenma d'Okinawa, comme le réclame la population locale. Mais Washington insistait pour que Tokyo respecte l'accord conclu en 2006 entre les deux alliés, qui prévoit le transfert de la base d'une zone urbaine vers une baie protégée de l'île.

Après avoir tergiversé pendant des mois et multiplié les déclarations contradictoires, M. Hatoyama a été contraint de rompre sa promesse électorale et de revenir à l'accord de 2006.

La gestion désastreuse de cette crise, qui a laissé des traces sur la relation nippo-américaine, et un scandale politico-financier qui a éclaboussé son entourage sont les deux raisons fournies par le premier ministre pour expliquer son départ.

Selon des sondages publiés vendredi, sa démission a redonné des couleurs au PDJ, à quelques semaines des élections sénatoriales fixées au 11 juillet.

L'enquête d'opinion commandée par le quotidien Asahi Shimbun (centre-gauche) indique que 27% des personnes interrogées soutiennent le parti au pouvoir, soit six points de plus qu'il y a une semaine.

Le Parti Libéral-Démocrate (PLD, conservateur), principale force d'opposition, se voit lui créditer de 16% d'opinions favorables (+1 point).

Dans le sondage publié par le plus grand journal japonais, Yomiuri Shimbun (conservateur), 29% des personnes interrogées déclarent soutenir le PDJ, contre 20% il y a une semaine.

Le PLD perd lui deux points, à 18%.