Washington a prévenu jeudi que l'attaque nord-coréenne contre un navire sud-coréen aurait «sans aucun doute des conséquences», tout en précisant que les soldats américains stationnés en Corée du Sud n'avaient pas été placés en état d'alerte.

«C'était un acte d'agression envers la Corée du Sud», a déclaré le porte-parole du département d'État Philip Crowley, qualifiant le geste de «délibéré et gratuit».

«C'est abominable», a-t-il encore martelé. «Ce n'est pas la façon dont les nations civilisées se comportent entre elles».

De son côté, le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs a estimé que l'attaque était un évènement «de grande importance» dans l'histoire de la Corée du Nord et de la Corée du Sud, et a condamné «fermement l'acte d'agression» nord-coréen.

Une enquête internationale sur la cause du naufrage du Cheonan, corvette de 1200 tonnes qui a coulé le 26 mars au large de l'île de Baengnyeong, près de la frontière maritime avec la Corée du Nord, a conclu jeudi à un tir de torpille par un sous-marin nord-coréen. Quelque 46 marins sud-coréens ont été tués dans cette attaque.

La Corée du Nord a qualifié les accusations dont elle fait l'objet «d'affabulations», selon l'agence de presse Yonhap.

Le Pentagone mène désormais des «consultations étroites avec les Sud-Coréens pour déterminer la voie à suivre», a assuré le secrétaire à la Défense Robert Gates, en précisant qu'«il revenait en premier lieu aux Sud-Coréens de décider quelles sont les suites à donner» à cet incident.

Le chef d'état-major interarmées américain a toutefois pris soin de préciser que les quelque 28 000 soldats américains stationnés en Corée du Sud n'avaient pas été placés en état d'alerte, signifiant ainsi ne pas s'attendre à une escalade imminente des tensions entre Pyongyang et Séoul, qui possèdent respectivement une armée de 1,2 million et 655 000 hommes.

«Nos forces armées sont naturellement conscientes de ce qui se passe mais elles n'ont pas changé leur degré de mobilisation en conséquence», a affirmé jeudi l'amiral Mike Mullen lors d'une conférence de presse.

Si Séoul semble avoir écarté toute riposte militaire, de peur de déclencher un conflit majeur, le pays devrait en revanche saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour demander de nouvelles sanctions contre le Nord.

Pour Washington, «c'est un «must» d'aller au Conseil de sécurité et de prôner une résolution plus sévère, au nom de la solidarité internationale», a déclaré à l'AFP Nicholas Szechenyi, expert au Centre d'études stratégiques internationales (CSIS).

Parmi les autres conséquences possibles, l'administration Obama pourrait décider de remettre à plus tard un accord signé entre Washington et Séoul, prévoyant de transférer aux autorités sud-coréennes le commandement de leurs forces armées, en temps de paix comme en temps de guerre, à compter de 2012. Un précédent accord attribuait aux forces américaines, en cas de guerre, le commandement des forces sud-coréennes à un général américain.

«Repousser ce transfert enverrait un signal très fort et rappellerait à la Corée du Nord à quel point les États-Unis sont déterminés à défendre leur allié», a estimé M. Szechenyi.

Toujours sur le plan militaire, Washington pourrait également augmenter la fréquence de ses exercices navals conjoints avec Séoul.

Selon Sarah McDowall, du groupe d'analyse économique IHS Global Insight, «nous risquons d'assister à une nouvelle mise en scène des capacités américaines et sud-coréennes dans la région».

Ottawa condamne L'agression de Pyongyang

Le Canada a condamné jeudi l'attaque nord-coréenne dénonçant un «acte d'agression» et un comportement «inacceptable» de Pyongyang, selon les termes du chef de la diplomatie d'Ottawa Lawrence Cannon.

«Le Canada condamne fermement ce violent acte d'agression du régime nord-coréen qui a adopté une nouvelle fois un comportement téméraire et inacceptable», a dit M. Cannon dans une allocution prononcée devant le Conseil des relations internationales de Montréal.

Rappelant que le Canada avait envoyé trois experts pour étudier les causes du naufrage de la corvette Cheonan et que l'enquête avait démontré qu'une torpille nord-coréenne en était la cause, M. Cannon a déclaré que son pays apportait son plein soutien à Séoul et précisé qu'il allait s'entretenir dans les prochaines heures avec son homologue sud-coréen.

«Nous menons d'étroites consultations avec la Corée du Sud et nos alliés, et nous continuerons à soutenir la Corée du Sud de notre mieux pour mettre la Corée du Nord face à ses responsabilités», a-t-il conclu.