Huit personnes ont été tuées et près de 50 blessées samedi à Bangkok au cours d'affrontements entre manifestants antigouvernementaux et militaires, a-t-on appris auprès des services de secours de la capitale thaïlandaise.

Des tirs nourris et des explosions ont continué de résonner dans Bangkok toute la journée dans de nouvelles scènes de guérilla urbaine qui risquaient de se prolonger au cours de la nuit.

Au total, selon les services de secours, 24 personnes ont été tuées et 187 blessées depuis jeudi soir, date de la reprise des violences.

L'armée avait alors annoncé sa volonté d'asphyxier les «chemises rouges», retranchées dans un vaste quartier du centre de Bangkok, en bloquant toute forme d'approvisionnement.

 

Le pouvoir «ne peut pas reculer»

Le premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a affirmé samedi qu'il n'était pas question de «reculer» face aux manifestants qui bloquent un quartier de Bangkok, en dépit du lourd bilan des affrontements. 

«Nous ne pouvons reculer et permettre à ceux qui violent la loi et arment des militants de tenir tête au gouvernement», a déclaré Abhisit au cours d'une allocution télévisée.

Il a affirmé que l'armée allait poursuivre l'opération engagée jeudi qui vise à asphyxier et isoler les milliers de manifestants occupant un quartier du centre commercial de la capitale. Les autorités ont notamment coupé l'électricité et l'eau et stoppé les approvisionnements en nourriture des protestataires.

Ces mesures «sont les mieux adaptées et vont être maintenues afin de restaurer la paix dans le pays», a ajouté Abhisit.

Soulignant sa tristesse après la mort de 22 personnes depuis jeudi soir, dont six samedi, il a estimé que «la meilleure façon» de ne pas aggraver ce bilan était «de mettre fin à la manifestation».

Abhisit a de nouveau affirmé que des «terroristes armés» avaient infiltré le mouvement des «chemises rouges» et attaqué les forces de l'ordre.

Des manifestants condamnés

La justice thaïlandaise a condamné samedi 27 manifestants à des peines de six mois de prison pour leur participation aux troubles liés à l'occupation d'un quartier de Bangkok par les «chemises rouges».

Les manifestants ont été jugés en vertu de l'état d'urgence, déclaré depuis plus d'un mois à Bangkok, qui interdit de participer à tout rassemblement important.

Le tribunal «les avait initialement condamnés à un an de prison, la peine maximale prévue par l'état d'urgence, mais leur sentence a été réduite à six mois après qu'ils ont avoué», a déclaré Tarit Pengdit, le directeur général du Département des enquêtes spéciales (DSI) à la télévision.

Il a précisé que ces condamnations devaient servir d'exemple, alors que la situation s'est fortement tendue depuis jeudi autour du quartier occupé et désormais encerclé par les forces de l'ordre.

«Les proches de ceux qui manifestent doivent leur dire que la manifestation est illégale et que les peines prononcées seront les plus sévères», a ajouté Tarit Pengdit.

Le pouvoir thaïlandais a lancé des mandats d'arrêt contre les principaux responsables des «chemises rouges» mais, jusqu'à présent, aucun d'eux n'a été interpellé.