Les Etats-Unis et la Chine ont repris jeudi leur dialogue formel sur les droits de l'homme après deux ans d'interruption, au cours d'une réunion prévue pour durer deux jours au cours de laquelle l'administration Obama devait évoquer les libertés religieuses et Internet.

Organisée à Washington, cette rencontre est la première de ce type depuis mai 2008, qui avait eu lieu sous la présidence du prédécesseur de Barack Obama, George W. Bush.

Précédemment, la Chine avait interrompu ce dialogue entre 2002 et 2008 en réponse à des critiques américaines et de l'ONU.

Les relations sino-américaines avaient subi un coup de froid après la vente d'armes américaines à Taïwan et la rencontre de M. Obama avec le dalaï lama.

«Il s'agit de les aider à comprendre et à identifier les questions qui nous tiennent à coeur, mais de souligner également clairement quelles sont les faiblesses au sujet desquelles la Chine devra faire des progrès», a expliqué récemment le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley.

Le département d'Etat a déjà indiqué que devait être évoquée la situation d'avocats défendant des dossiers mal vus des autorités chinoises qui ont été harcelés voire radiés du barreau.

Liberté d'Internet et droit de l'information

Autre thème de discussion: la liberté d'Internet et du droit à l'information, sujets sensibles après la bisbille entre Google et les autorités chinoises concernant des attaques informatiques.

Les discussions se tiennent entre Michael Posner, secrétaire d'Etat adjoint américain à la démocratie et aux droits de l'homme, et Chen Xu, chargé des organisations internationales au ministère des Affaires étrangères chinois.

Elles interviennent au moment où un nouveau sujet de crispation pourrait s'immiscer entre Pékin et Washington: le mouvement spirituel Falungong, interdit par Pékin.

M. Crowley a confirmé mercredi que les Etats-Unis étudiaient la question d'une subvention à un groupe contre la censure sur Internet réputé proche du Falungong.

La Chine a aussitôt réagi jeudi en mettant en garde Washington.

«Nous nous opposons fermement à ce que tout gouvernement ou organisation soutienne les forces antichinoises dans leurs activités antichinoises», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu.

M. Ma a souhaité que le dialogue de deux jours sur les droits de l'homme soit constructif.

«Je crois que le dialogue est préférable à la confrontation et la Chine voudrait travailler sur la base de l'égalité et du respect mutuel (...) dans le domaine des droits de l'homme», a-t-il dit.

Les défenseurs des droits de l'homme craignent que ces discussions n'encouragent la Chine à considérer cette question comme un sujet annexe et non un aspect central de sa relation avec les Etats-Unis.

Mme Clinton avait mécontenté les organisations de défense des droits de l'homme peu après son entrée en fonction en affirmant que la question des droits de l'homme ne devait pas entraver les efforts de coopération entre la Chine et les Etats-Unis.

L'ancien secrétaire d'Etat adjoint de George W. Bush, Richard Armitage, a estimé que l'administration Obama était partie «du mauvais pied» avec la Chine sur la question des droits de l'homme.

«Le fait de laisser la Chine agir à sa guise sur la question des libertés humaines va alimenter l'idée qu'elle est inévitablement la puissance montante et que nous craignons la confrontation sur ces sujets que nous défendons traditionnellement», a-t-il dit.