Benigno Aquino, 50 ans, nettement en tête selon des résultats partiels de la présidentielle aux Philippines, attendait mardi la confirmation officielle de son élection, promettant de lutter contre la corruption et la pauvreté

À l'issue d'un scrutin qui s'apparente à un raz-de-marée en sa faveur, M. Aquino, 50 ans, recueillait un peu plus de 40% des suffrages sur plus de 37,5 millions de votes décomptés, sur un peu plus de 50 millions d'électeurs inscrits.

Dans une interview à l'AFP, M. Aquino s'est abstenu de proclamer sa victoire, préférant attendre l'annonce de la commission électorale.

Conformément à son programme de campagne, il a promis de gouverner «en montrant l'exemple». «Nous parlons de corruption. J'ai fait une promesse publique: je ne volerai jamais», a-t-il déclaré, ajoutant que cela lui conférerait l'autorité morale pour contraindre les autres élus à s'y conformer.

Il a également souhaité une enquête sur des soupçons de fraude entourant l'élection en 2004 de la présidente sortante Gloria Arroyo.

L'un de ses rivaux, le sénateur Manuel Villar, a reconnu dès la fin de la matinée la victoire de «Noynoy» Aquino.

Son plus proche rival, l'ancien président Jospeh Estrada, crédité de 25% des suffrages, un retard insurmontable, a déclaré attendre la fin du décompte pour s'avouer vaincu.

Le président philippin est désigné à l'issue d'un unique tour de scrutin à la majorité simple.

 Elu depuis 12 ans au Congrès puis au Sénat, M. Aquino, diplômé d'économie, a fait de la lutte contre la corruption et la pauvreté les priorités de sa campagne, dans un pays où près d'un habitant sur trois vit avec moins d'un dollar par jour.

Il devra s'attaquer à une situation économique délicate avec un déficit budgétaire en hausse de 17% l'an passé, pour atteindre 3,7% du PIB.

La Bourse de Manille a accueilli favorablement sa probable élection, terminant mardi en hausse de 3,85%.

«Noynoy» Aquino est le fils de l'ancienne présidente Corazon Aquino et de son mari Benigno «Ninoy» Aquino, assassiné à son retour d'exil, tous deux révérés pour avoir favorisé le rétablissement de la démocratie aux Philippines dans les années 1980 après la dictature de Ferdinand Marcos.

Pour la première fois, le pays a utilisé lundi un système de vote électronique qui a connu quelques accrocs mais a sensiblement raccourci le décompte des voix qui pouvait prendre plusieurs semaines dans le passé.

Les électeurs devaient également désigner lundi leur vice-président, ainsi que quelque 250 députés, 12 des 24 sénateurs, les 80 gouverneurs de provinces et plus de 17.000 élus locaux.

Plusieurs personnalités font leur entrée au Congrès (chambre basse). Imelda Marcos, 80 ans, veuve du dictateur, a été élue dans le nord tout comme le boxeur Manny Pacquiao, dans la région de Mindanao (sud). Le clan Marcos qui fait ainsi son grand retour sur la scène politique nationale, place aussi Ferdinand Jr au Sénat.

Les États-Unis, l'ancienne puissance coloniale, ont salué le déroulement des élections et se sont réjouis de collaborer avec le nouveau président d'un allié asiatique clé.

L'Union européenne a également salué «l'admirable patience des électeurs, preuve de la volonté des Philippins de se faire entendre».

Les élections ont une fois de plus été marquées par des violences avec la mort d'au moins 10 personnes lundi. Mardi, six personnes dont des soldats, ont été tuées à Mindanao (sud).

«Les élections resteront dans l'histoire de notre pays parmi les plus pacifiques et les mieux organisées», a néanmoins estimé Jesus Verdoza, chef de la police.

Selon les analystes, le vote électronique a aussi réduit les possibilités de manipuler le vote dans un pays où la fraude électorale est monnaie courante.