Benigno Aquino, fils de l'ancienne présidente «Cory» Aquino, fait figure de grand favori de l'élection présidentielle de lundi aux Philippines, à l'issue d'une campagne marquée par des violences qui ont fait cinq nouvelles victimes dimanche.

Plus de 50 millions d'électeurs sont appelés aux urnes alors que les bureaux de vote ouvriront lundi à 07h00 locales (23h00 GMT dimanche) pour fermer à 18h00. Les premiers résultats sont attendus vers minuit.

Célibataire de 50 ans, «Noynoy» Aquino est le fils de deux icônes de la démocratie: Benigno Aquino Sr, chef de l'opposition, assassiné en 1983 à son retour d'exil par des hommes de main du dictateur Ferdinand Marcos, et «Cory» Aquino, appelée au pouvoir après le renversement de Marcos en 1986.

Selon l'ultime sondage publié vendredi, le sénateur Aquino recueille 42% des intentions de vote, loin devant ses deux principaux rivaux, l'ex-président Joseph Estrada renversé en 2001 puis gracié en 2007 après une condamnation à la réclusion à perpétuité pour corruption, et Manuel Villar, sénateur d'opposition et millionnaire ayant fait fortune dans l'immobilier.

Ces deux derniers étaient crédités dans le dernier sondage de respectivement 20% et 19% d'intentions de vote.

Le futur président philippin sera élu à l'issue d'un unique tour de scrutin à la majorité simple.

Les Philippins doivent également désigner leur vice-président, ainsi que 250 députés, 12 des 24 sénateurs, les gouverneurs des 80 provinces et plus de 17 000 élus locaux.

Plusieurs personnalités tenteront de décrocher un siège au Congrès (chambre basse), dont le boxeur Manny Pacquiao, considéré comme le meilleur boxeur du monde, l'ancienne Première dame Imelda Marcos ou encore la présidente sortante Gloria Arroyo.

Des victimes de violence

Dimanche, à l'issue d'une campagne électorale qui a fait une centaine de victimes, cinq personnes ont été tuées dans deux incidents distincts liés aux élections.

Trois hommes armés, assurant la sécurité d'un candidat local, qui avaient foncé sur un poste de contrôle, ont été abattus par la police sur l'île de Panay (centre) après un échange de tirs, a indiqué le porte-parole national de la police, Leonardo Espina.

Deux autres personnes, des garde du corps d'un candidat, ont été tuées dans un échange de tirs avec les agents de sécurité d'un candidat rival dimanche matin sur l'île méridionale de Mindanao, selon des responsables militaires locaux.

Un troisième incident -un jet de grenade dans une mosquée- mais qui n'est pas forcément lié à la campagne électorale, a fait deux morts et douze blessés, dans la ville de Pikit (sud), selon un porte-parole militaire régional.

«L'atmosphère est très tendue... Les gens sont rentrés chez eux», a déclaré à l'AFP Arden Andong, un habitant vivant à 300 m de la mosquée et qui a entendu l'explosion et vu au moins un cadavre.

Pikit se trouve dans la province du Nord Cotabato dont certaines parties sont des bastions du Front Moro islamique de libération. La rébellion de ce mouvement séparatiste dure depuis plus de 30 ans et a fait plus de 150 000 morts.

La campagne s'est par ailleurs achevée sur un couac, avec des problèmes techniques apparus sur les cartes mémoire des machines de vote électronique utilisées pour la première fois dans cette démocratie de 90 millions d'habitants.

La commission électorale a assuré que les cartes mémoire des quelque 80 000 machines qui comptent et transmettent les résultats seraient remplacées à temps. Mais M. Aquino, comme les autres candidats, craint que ce vote électronique, visant à réduire une fraude endémique dans l'archipel, ne se solde par un échec, laissant peser un doute sur la fiabilité des décomptes.