Des dizaines de milliers de partisans des maoïstes ont manifesté samedi dans les rues de la capitale du Népal, Katmandou, au cours d'une démonstration de force destinée à obtenir la démission du gouvernement.

Les mesures de sécurité ont été renforcées, les autorités craignant que la manifestation ne dégénère en troubles dans ce pays pauvre de l'Himalaya, qui récupère encore d'une sanglante guerre civile opposant pendant dix ans les maoïstes et l'État, dont le bilan estimé est de 13 000 morts.

La police antiémeute a pris position à tous les carrefours de la capitale et au moins 15 000 policiers ont été déployés, a déclaré le porte-parole de la police, Bigyan Raj Sharma.

Certaines parties de Katmandou ont été transformées en véritable marées de drapeaux rouges avec la faucille et le marteau agités par les manifestants qui scandaient: «Dissolvez le gouvernement fantoche et établissez un gouvernement national».

Les maoïstes, qui prévoyaient la participation d'un demi-million de personnes samedi, insistent pour que la coalition au pouvoir soit remplacée par un gouvernement dirigé par eux-mêmes.

«Le but de cette manifestation est de faire pression pour que le gouvernement démissionne et pour qu'on ait un gouvernement formé sous notre direction», a déclaré le numéro deux du parti maoïste, Baburam Bhattarai.

Si les revendications des maoïstes ne sont pas satisfaites, une grève nationale illimitée sera lancée dès dimanche, a prévenu le chef maoïste Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda.

Les maoïstes ont remporté les élections en avril 2008, abolissant du même coup la monarchie, mais le gouvernement est tombé huit mois plus tard après la démission fracassante du premier ministre. Ce dernier a invoqué la décision du chef de l'État de maintenir dans ses fonctions le chef de l'armée, pourtant limogé par le gouvernement pour insubordination.

Les anciens guérilleros d'extrême-gauche voulaient se débarrasser du général Katawal, un sympathisant royaliste, en raison de son refus d'intégrer à l'armée les 19 000 ex-combattants maoïstes cantonnés dans des camps supervisés par l'ONU.

L'ONU a critiqué à plusieurs reprises la lenteur du processus de paix népalais, qui prévoit la rédaction d'une nouvelle Constitution d'ici la fin mai et l'intégration de milliers d'anciens combattants maoïstes dans l'armée régulière.