Le gouvernement thaïlandais a promis de durcir ses mesures mardi contre les manifestants qui occupent une partie du centre de Bangkok et multiplient les provocations à l'égard du pouvoir en affirmant attendre l'assaut des forces de l'ordre.

Retranchés depuis début avril dans un quartier du centre de la capitale placée sous état d'urgence, les manifestants antigouvernementaux exigent la tête du premier ministre Abhisit Vejjajiva et des élections anticipées.

Mardi, ils ont brièvement bloqué le métro aérien de Bangkok à l'aide de pneus pour parer à un acheminement surprise de troupes, forçant de nombreux habitants à finir le trajet à pied.

«Chaque jour qui passe nous rendra plus forts. Nous pouvons encore tenir tête aux forces gouvernementales pour une journée supplémentaire», a estimé un de leurs leaders, Jatuporn Prompan.

D'autres opérations ont été menées en province pour empêcher les forces de l'ordre d'envoyer des renforts dans la capitale.

«Le gouvernement a renforcé ses mesures contre les manifestants car ils ont créé des troubles en installant des barrages en violation du droit des citoyens», a déclaré le vice-premier ministre Suthep Thaugsuban.

«Nous ne pouvons plus parler à ces gens», a-t-il ajouté, en avertissant que ceux qui érigeraient ces barrages seraient arrêtés. Un porte-parole du gouvernement avait pourtant indiqué lundi que la «communication» n'était pas coupée avec l'opposition.

La crise a pris un tour violent avec des combats de rue et des attaques à la grenade qui ont fait 26 morts et près d'un millier de blessés dans deux épisodes depuis le 10 avril.

Les «chemises rouges» accusent le pouvoir de masser des troupes en vue d'un assaut. Ils ont par ailleurs annoncé la mise en place d'une «unité mobile rapide» pour aller à la rencontre de la population et l'inviter à épouser leur combat.

L'espoir d'une solution à l'amiable entre les parties s'est éloigné après le refus samedi dernier du premier ministre de négocier sur la base d'élections sous trois mois proposées par les opposants.

Abhisit a toutefois assuré dans un entretien à la chaîne américaine CNN que son gouvernement s'efforçait de sortir de l'impasse.

«Nous allons essayer de faire appliquer la loi avec le minimum de pertes et de trouver une solution politique, mais il faut du temps, de la patience et de la coopération», a-t-il dit.

Lundi soir, le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej s'est exprimé à la télévision en exhortant des magistrats récemment promus à remplir leur devoir, mais sans faire directement référence à la crise.

«Il peut y avoir dans ce pays des gens qui oublient leur devoir. Vous devez vous poser en exemple en travaillant honnêtement et correctement», a déclaré le monarque, 82 ans.

Bien que dépourvu de prérogatives institutionnelles, le souverain reste une figure révérée par beaucoup de ses sujets qui se sont souvent tournés vers lui en périodes de crise. L'opposition lui a ainsi récemment demandé d'intervenir, sans succès.

C'est officiellement pour défendre la monarchie que les «chemises jaunes», ennemis jurés des «rouges», ont menacé d'entrer en action contre ceux qu'ils accusent de saper l'autorité du roi.

Le pouvoir a évoqué mardi l'émission prochaine de convocations et, le cas échéant, de mandats d'arrêt contre les membres d'un réseau soupçonné de fomenter un renversement du régime. «Le gouvernement ne laissera pas ces gens insulter la monarchie», a déclaré le vice-premier ministre.

De leur côté, les «rouges» ont menacé de saisir la justice contre des accusations qu'ils réfutent. «C'est la façon qu'a le gouvernement d'utiliser son imagination pour écraser ses adversaires», a estimé un cadre de l'opposition Nattawut Saikuar.

Tout ce qui touche au roi est extrêmement sensible en Thaïlande, dont le code pénal punit de 15 ans de prison quiconque offense le souverain ou la famille royale.