Les Etats-Unis, dont la base au Kirghizistan est un maillon vital de leur guerre en Afghanistan, ont appelé jeudi au calme à Bichkek, où la situation politique restait confuse.

«Nous souhaitons que le calme soit rétabli à Bichkek et dans les autres régions concernées, de façon durable et conformément aux principes démocratiques respectueux des droits de l'homme», a indiqué le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, dans un communiqué daté de Prague.

Le président Barack Obama vient de signer, dans la capitale tchèque, un nouvel accord START de désarmement nucléaire avec son homologue russe Dmitri Medvedev.

M. Gibbs a indiqué que les Etats-Unis déploraient «l'utilisation par certains membres des services de sécurité et par certains manifestants de moyens mortels». Il a ajouté que «le désordre et les pillages qui se poursuivent continuent à inquiéter» les Etats-Unis.

Des tirs ont à nouveau retenti jeudi soir à Bichkek, cependant que Kourmanbek Bakiev, le président évincé par un soulèvement sanglant et réfugié dans son fief du sud du pays, refusait de démissionner. L'opposition, qui a nommé un gouvernement intérimaire, s'est engagée à organiser dans les six mois des élections «démocratiques».

Les Etats-Unis ont multiplié les tentatives pour dialoguer avec toutes les parties.

Un diplomate américain a rencontré jeudi Rosa Otounbaïeva, chef du gouvernement intérimaire, l'appelant au respect des «principes démocratiques» dans le pays, a ainsi annoncé le département d'Etat.

Le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, a qualifié Mme Otounbaïeva de «dirigeante de l'opposition». Pressé d'indiquer s'il reconnaissait le changement de pouvoir à Bichkek, il a reconnu que plusieurs ministères avaient «fait allégeance aux opposants».

Le secrétaire d'Etat adjoint pour l'Asie du Sud et l'Asie centrale, Robert Blake, a eu jeudi matin un bref entretien à Washington avec le ministre des Affaires étrangères du gouvernement déchu, dont la visite était prévue avant les troubles.

«Notre message, dans les deux cas, a été d'exprimer l'espoir que le calme soit rétabli dans le respect des principes démocratiques», a dit M. Crowley à la presse.

«Notre priorité à ce stade est que la loi et l'ordre soient respectés et que la démocratie soit établie selon les règles de l'état de droit», a-t-il poursuivi.

Selon le Pentagone, la crise kirghize n'a «pas sérieusement affecté» l'approvisionnement des troupes étrangères en Afghanistan malgré une baisse du nombre de vols sur la base américaine de Manas, à Bichkek.

La base de Manas, la seule dont l'Amérique dispose en Asie centrale, est cruciale pour Washington, en particulier au moment où plus de 30 000 soldats américains supplémentaires doivent être déployés en Afghanistan d'ici août pour combattre l'insurrection des talibans.

«Rien ne va changer» concernant l'accord sur cette installation signé par M. Bakiev et les Etats-Unis, a promis Mme Otounbaïeva.