Des rebelles maoïstes ont tué mardi 75 membres des forces de l'ordre dans le centre de l'Inde lors d'une attaque dans la jungle qui constitue le pire massacre jamais perpétré par les «terroristes rouges» contre la police, a annoncé le secrétaire d'État à l'Intérieur.

Une patrouille de la Force centrale de la police de réserve (CRPF, paramilitaire) est tombée dans une embuscade dans un district de l'État du Chhattisgarh, un bastion maoïste. Dépêchés sur place, les renforts ont à leur tour été pris pour cibles par des centaines d'hommes lourdement armés.

Les policiers ont été tués à l'aube lors d'une intense fusillade et par des explosions de mines. Les rebelles ont par ailleurs fait sauter une voiture blindée envoyée pour récupérer les blessés, ont déclaré à l'AFP des sources policières et un membre du gouvernement local.

Interrogé sur le bilan des morts et des blessés, le secrétaire d'État à l'Intérieur Gopal Pillai a répondu à l'AFP: «75 tués, 7 blessés».

Selon un porte-parole de la CRPF, 74 membres des forces paramilitaires et un policier local ont été tués.

Un précédent bilan faisait état de 60 morts.

Ce massacre montre «la nature sauvage» des rebelles, a réagi devant la presse le ministre indien de l'Intérieur, P. Chidambaram, à l'annonce de la pire attaque jamais lancée contre la police.

En réponse à l'opération des forces de l'ordre lancée fin 2009 pour déloger les maoïstes de leurs bastions --baptisée «Chasse verte» en référence à la jungle dans laquelle se cache souvent la rébellion--, les maoïstes ont multiplié ces derniers mois des attaques violentes, souvent bien organisées.

Mi-février, des maoïstes avaient lancé une spectaculaire attaque contre un campement policier dans l'est de l'Inde, faisant 25 morts. À bord de mobylettes, ils avaient déclenché une fusillade et fait exploser des mines.

En mars 2007, 55 policiers avaient été tués dans le même État dans une attaque attribuée aux maoïstes.

Les «terroristes rouges», qui seraient entre 10 000 et 20 000, disent lutter pour la défense des paysans sans terre et des tribus. Selon le premier ministre indien Manmohan Singh, ils représentent la plus grande menace pour la sécurité de l'Union.

Vingt des 29 États indiens, en particulier les États du Jharkhand et de l'Orissa, sont confrontés depuis 1967 à des poches de rébellion maoïste, devenue au fil des ans de plus en plus violente.

Un dirigeant maoïste avait proposé fin février au gouvernement un cessez-le-feu à condition que New Delhi suspende l'offensive des forces de sécurité lancée récemment pour les déloger de leurs bastions.

Le ministre de l'Intérieur avait alors réagi prudemment, réaffirmant que les guérilleros devaient d'abord mettre un terme à leurs attaques et faire une offre formelle.

Le parti d'opposition BJP (Bharatiya Janata Party, droite), a estimé qu'il s'agissait d'une attaque contre la démocratie. «Il n'y a plus de discussion ou de débat possibles. Nous devons d'abord les frapper durement, ce doit être une lutte jusqu'à la fin», a déclaré un porte-parle, Rajiv Pratap Rudy.

Selon Rahul Bedi, un spécialiste des questions de défense, c'est l'opération «Chasse verte» qui devrait être repensée pour réussir à contrer la tactique des rebelles. «La police et les forces paramilitaires luttant contre les maoïstes sont sous-équipées et manquent d'entraînement», dénonce-t-il.