Des troncs d'arbre, de l'eau souillée et une ceinture ont sauvé la vie de certains des 115 hommes remontés miraculeusement à la surface par les sauveteurs lundi, après huit jours passés au fond d'une mine chinoise.

Des secouristes habillés en orange et des responsables locaux ont pleuré de joie alors que les mineurs étaient remontés un à un à la surface lundi, huit jours après la catastrophe survenue dans la mine en construction de Wanjialing, brutalement inondée, dans la province grande productrice de houille du Shanxi. «C'était un miracle. J'étais bouleversé. J'ai pleuré, tout le monde pleurait, les responsables officiels pleuraient aussi», a déclaré à l'AFP l'un des sauveteurs, qui ne donne qu'un seul nom, Liu, 50 ans.

«Beaucoup d'entre eux vont bien. Certains avaient encore la force de nous tenir la main», dit-il à l'issue d'une journée miraculeuse qui a permis de récupérer 115 des 153 mineurs piégés au fonds du puits.

Le chef des secouristes, Chen Yongsheng, donne les détails de l'épopée de ces hommes, alors que l'espoir de les sauver était devenu ténu et que la catastrophe aurait pu être la pire en plus de deux ans pour l'industrie minière chinoise, la plus dangereuse au monde.

«Les hommes ont été malins», a-t-il dit à l'agence semi-officielle China News Service (CNS), pour économiser leurs lampes, «ils se sont regroupés et (les) faisaient marcher (en alternance) afin que les secouristes puissent les retrouver».

«Les hommes pris au piège ont raconté aux sauveteurs qu'ils avaient mangé des bouts de tronc des pins qui avaient été utilisés pour étayer la galerie, et qu'ils ont bu l'eau. C'est comme ça qu'ils ont pu tenir», raconte-t-il.

Un médecin cité par le Shanghai Evening Post a indiqué qu'un mineur lui avait raconté s'être attaché avec sa ceinture trois nuits de suite pour ne pas se noyer après s'être endormi. Ensuite il est monté dans un chariot de galerie qui flottait sur l'eau et a pu aller se mettre au sec.

À l'Hôpital Shanxi Aluminium Plant où des dizaines d'ouvriers ont été transportés, Liu Qiang, qui dirige l'équipe médicale, a expliqué que de nombreux hommes étaient extrêmement affaiblis et avaient des problèmes de pression artérielle, mais qu'ils avaient pu pour la plupart, commencer à manger du porridge de riz.

Pour la centaine de sauveteurs toujours dans la mine, l'urgence était désormais de sauver les 38 hommes restant au fond du puits, où l'équivalent de plus de 50 piscines olympiques s'est répandu dans les galeries en construction, le 28 mars.

  «Il y a encore de l'espoir pour ceux-là, parce qu'il y a encore des endroits au-dessus du niveau de l'eau, mais on n'est pas sûr qu'ils soient toujours en vie», dit Liu, le secouriste.

Et l'accumulation de gaz dans une partie du puits pose un nouveau risque, dit-il.

«C'est difficile en bas», juge Lin Yonghong, un sauveteur de 28 ans, le visage noirci, alors que la nuit est en train de tomber, «le principal danger ce sont les gaz toxiques», dont la concentration est dangereuse.

Liu Huawei, un autre secouriste au visage couvert de suie, se prépare à redescendre dans la mine.

«Quand on est descendus, on a vu les lampes des casques» des mineurs, «on était fous de joie et émus», dit-il, repartant pour le fond du puits, alors que des équipes d'infirmières se tiennent prêtes.