Les manifestants thaïlandais qui réclament depuis près de trois semaines la chute du gouvernement l'ont accusé vendredi de pousser des adversaires du mouvement à manifester à leur tour, augmentant ainsi les risques d'affrontements violents.

Des employés et chercheurs d'université organisaient vendredi un rassemblement pour soutenir le chef du gouvernement Abhisit Vejjajiva contre les «chemises rouges», partisans de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.

L'industrie touristique nationale doit, de son côté, manifester dans la capitale et dans certaines destinations prisées du pays pour réclamer la fin de la crise qui pénalise fortement le chiffre d'affaires du secteur.

Mais Jatuporn Prompan, l'un des leaders «rouges», a assuré que leur quatrième manifestation de masse depuis le 14 mars aurait bien lieu samedi. «Je demande au Premier ministre: voulez-vous que les gens s'affrontent pour garder votre fonction?», a-t-il déclaré aux journalistes.

Un millier de manifestants se sont par ailleurs rendus à l'ambassade des États-Unis pour apporter une lettre adressée à la secrétaire d'État Hillary Clinton, dans laquelle ils promettent que le mouvement des «chemises rouges» restera pacifique après un appel en ce sens de Washington cette semaine.

Les «rouges», qui s'appuient sur des paysans venus du nord et du nord-est de la Thaïlande, bastion de Thaksin, affirment qu'Abhisit est au service des élites traditionnelles de Bangkok qu'ils accusent de confisquer richesses et privilèges.

Ils exigent une démission immédiate du Premier ministre et des élections anticipées. Au cours de négociations ouvertes le week-end dernier et rompues depuis par les «rouges», Abhisit avait proposé de dissoudre la chambre basse du Parlement d'ici la fin de l'année.

Un docteur de la prestigieuse université de Chulalongkorn, à Bangkok, a rencontré Abhisit vendredi pour affirmer son opposition à une dissolution.

«Les manifestations des « chemises rouges » ont terni l'image de la Thaïlande et leur demande de dissolution est déraisonnable», a-t-il indiqué, en niant une opération télécommandée par le pouvoir.