Les espoirs de retrouver les 46 hommes portés disparus après le naufrage d'un bâtiment de la marine sud-coréenne au large d'une île située non loin de la Corée du Nord s'amenuisaient samedi.

. Des navires ainsi que des appareils de l'armée de l'air poursuivaient cependant leurs recherches dans les eaux sombres près de l'île sud-coréenne de Baengnyeong où le «Cheonan» a coulé par mauvais temps après une explosion.

Le bâtiment de 1200 tonnes, qui effectuait dans la nuit de vendredi à samedi une patrouille de routine avec 104 hommes à bord, a sombré environ quatre heures après avoir pris la mer, a expliqué un responsable de l'état-major sous couvert d'anonymat à Séoul. L'état-major interarmée a déclaré, sans autres précisions, qu'une explosion avait provoqué un trou dans la coque arrière du bateau tard vendredi soir, entraînant l'arrêt du moteur et une coupure de courant.

Une grande partie du bateau était sous l'eau samedi, mais sa coque était toujours visible. Aucun décès n'a encore été confirmé. Un certain nombre des membres d'équipage ont sauté du bateau après l'explosion, selon l'état-major interarmée, qui a indiqué que les sauveteurs avaient porté secours à 58 marins et que 46 autres étaient toujours portés disparus. Certains des hommes secourus ont été soignés pour des brûlures, des fractures et des écorchures.

Le président Lee Myung-bak a demandé à ce que l'on détermine rapidement les causes du naufrage, n'écartant aucune possibilité, a annoncé la porte-parole de la présidence Kim Eun-hye samedi.

La présidence sud-coréenne a cependant indiqué qu'il n'y avait aucune raison d'incriminer pour le moment la Corée du Nord dans le naufrage du «Cheonan».

Le chef d'État sud-coréen a convoqué une réunion de sécurité et donné des instructions pour que tous les efforts soient déployés afin de secourir les marins disparus, a précisé Mme Kim, ajoutant qu'il n'y avait aucun signe de mouvement des troupes nord-coréennes.

Le porte-parole du Département d'État américain, P.J. Crowley, a indiqué vendredi que les États-Unis suivaient de près l'accident et a confirmé qu'à ce stade la Corée du nord semblait étrangère au drame.

«Il apparaît de plus en plus qu'il s'agissait juste d'un accident qui s'est produit sur un bateau» a expliqué Carl Baker, expert des relations militaires coréennes au sein d'un groupe de réflexion à Honolulu.

Le naufrage s'est produit au large des côtes de l'île de Baengnyeong, située à 17km de la Corée du Nord, vendredi aux alentours de 21h45, heure locale (7h45, heure de Montréal), a rapporté un responsable de l'état-major interarmée sous couvert de l'anonymat.

L'île de Baengnyeong, à environ quatre heures de bateau du port d'Incheon, est le point le plus à l'ouest de la Corée du Sud. Il s'agit d'un poste militaire clef pour Séoul, en raison de sa proximité avec la Corée du Nord.

Le naufrage du «Cheonan» est l'une des plus grandes catastrophes navales sud-coréennes. Des médias locaux ont rapporté que le plus grave accident maritime s'était produit en 1974. Cette année-là, un navire a sombré au large de la côte sud-est de la Corée du Sud alors que le temps était orageux, faisant 159 morts. En 1967, 39 marins avaient été tués par l'artillerie nord-coréenne.

Selon l'état-major interarmée, un bâtiment sud-coréen qui participait à la même mission de patrouille que le «Cheonan» a tiré sur une cible non identifiée en direction de la Corée du Nord dans la nuit de vendredi à samedi. Mais l'objet détecté par le radar pourrait avoir été un vol d'oiseaux, a précisé l'état-major.

Vendredi, l'armée nord-coréenne avait brandi la menace de «frappes imprévisibles» contre les États-Unis et la Corée du Sud, en réaction à une information selon laquelle les deux pays prévoyaient de se préparer à une possible instabilité dans le pays totalitaire.

Les deux Corées sont toujours en état de guerre. Le conflit qui les a opposées pendant trois ans s'est achevé en 1953 sur une trêve et non un traité de paix.