La Birmanie a rejeté lundi les conclusions d'un expert de l'ONU qui estime que les violations massives des droits de l'homme dans ce pays d'Asie du Sud-Est pourraient constituer des crimes contre l'humanité et mériteraient une enquête des Nations unies.

«Nous condamnons fermement et rejetons ces recommandations et ce rapport dans son ensemble», a déclaré Wunna Maung Lwin, le représentant du régime militaire birman devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU après la présentation de ce document par Tomas Ojea Quintana, Rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme en Birmanie.

Pour le diplomate birman, les recommandations de M. Quintana «violent le droit d'un État souverain» en se faisant l'écho «d'allégations infondées» provenant de «sources invérifiables».

Le rapport de M. Quintana accable la dictature birmane en estimant qu'il «existe une possibilité que certaines des violations des droits de l'homme puissent entrer dans les catégories de crimes contre l'humanité ou crimes de guerre» définis par la Cour pénale internationale (CPI).

Pour l'expert onusien, qui a pu se rendre en Birmanie en février, «la simple existence de cette possibilité» devrait déclencher une enquête des autorités.

Pourtant, dénonce M. Quintana, la junte militaire n'a pas mis un terme aux violations des droits de l'homme telles que la détention de prisonniers politiques, le recrutement d'enfants-soldats, les discriminations contre la minorité musulmane de l'État de Rakhine (nord) et la privation de la population de droits essentiels comme le droit à l'alimentation, au logement, à la santé et à l'éducation.

«Etant donné que (les autorités) ne prennent pas leurs responsabilités, les institutions de l'ONU doivent envisager la possibilité de mettre sur pied une commission d'enquête avec pour mandat de s'occuper de la question des crimes internationaux», recommande le Rapporteur pour la Birmanie.

La Birmanie est à un «moment critique de son histoire» avec les élections qui doivent avoir lieu cette année, a relevé M. Quintana, en déplorant devant le Conseil des droits de l'homme que la junte militaire n'ait pas saisi cette occasion pour s'engager dans une transition démocratique.