Un double attentat suicide visant des militaires à Lahore, la grande ville de l'est du Pakistan, a fait 45 morts et 134 blessés, quatre jours après une attaque similaire des talibans alliés à Al-Qaeda qui avait fait quinze tués, selon des responsables locaux.

Les kamikazes, à pied, se sont approchés de véhicules de l'armée dans un quartier militaire de cette cité de huit millions d'habitants, deuxième ville du pays, et ont fait exploser leurs bombes à proximité d'un marché fréquenté, le R A Bazaar, où les passants se pressaient dans les mosquées pour la prière du vendredi. «Nous avons récupéré les têtes des deux kamikazes. Il y a eu un intervalle de 15 secondes entre les deux explosions. Leur cible était un convoi de véhicules militaires», a déclaré l'officier de police Chaudhry Mohammad Shafiq.

«Quarante-trois personnes ont été tuées et 134 blessées dans les attaques», a déclaré Mazhar Ahmad, chef du département de la défense civile de Lahore.

Mais un haut responsable de la sécurité a cité un bilan de 45 morts. Un communiqué militaire a fait état de huit militaires tués.

«La première explosion était très faible et a été suivie de tirs à l'arme automatique et, immédiatement après, il y a eu une seconde déflagration, puissante, contre les véhicules militaires», a dit à l'AFP Mohammad Bilal qui venait de s'attabler dans un restaurant.

Des images des explosions, diffusées par la chaîne privée Geo TV, ont montré des personnes courant dans tous les sens et on entend la voix d'un homme, auteur, semble-t-il, de la vidéo tournée depuis un téléphone portable, en train de murmurer : «Oh mon Dieu, Oh mon Dieu, soit clément avec nous, Dieu».

Dans la soirée, cinq bombes de faible puissance et de fabrication artisanale ont explosé dans le secteur d'Allamma Iqbal de Lahore, provoquant un début de panique et des dégâts mineurs, mais sans faire de victimes, a indiqué la police.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné ces attentats, réitérant qu'aucune cause ne peut justifier une telle violence «inhumaine et aveugle».

Lundi, un kamikaze au volant d'une voiture piégée avait pulvérisé un immeuble de la police à Lahore, tuant 15 personnes, des policiers et des passants.

Ce bâtiment abritait une unité spéciale de la police antiterroriste qui y interrogeait des suspects.

L'attaque avait été immédiatement revendiquée par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal mouvement d'insurgés islamistes, qui a fait allégeance à Al-Qaeda dès sa création en décembre 2007.

Le TTP est le principal responsable d'une vague de plus de 360 attentats et attaques suicide qui ont fait plus de 3.100 morts en plus de deux ans et demi au Pakistan.

L'attaque de lundi avait été menée «en représailles aux tirs de drones (américains) et aux opérations militaires (pakistanaises) dans les zones tribales» du nord-ouest, avait annoncé à l'AFP le porte-parole du TTP, Azam Tariq.

Les militaires ont récemment lancé plusieurs offensives dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan, territoires montagneux assez largement sous le contrôle des talibans, et considérées comme le nouveau sanctuaire d'Al-Qaeda et une base arrière des talibans afghans.

Les drones de la CIA et de l'armée américaine y tirent très fréquemment des missiles visant des cadres du mouvement d'Oussama ben Laden et des talibans, mais qui tuent aussi des civils.