L'Agence météorologique japonaise a présenté lundi ses excuses pour avoir fait preuve d'un excès de prudence en déclenchant une alerte maximum au tsunami et en ordonnant l'évacuation de plus d'un demi-million de personnes des côtes Pacifique.

Après le très violent séisme survenu samedi au Chili, les experts japonais prévoyaient un raz-de-marée de trois mètres de haut, voire plus. En fait, la plus haute vague n'a atteint que 120 cm, sans provoquer de dégâts autres que des inondations le long du littoral.

«Les prévisions de l'Agence sur l'ampleur du tsunami se sont révélées un peu excessives. Je vous prie d'accepter mes excuses pour l'alerte qui a duré trop longtemps et pour la gêne qu'elle a occasionnée», a déclaré lors d'une conférence de presse Yasuo Sekita, un des responsables de l'Agence chargé des séismes et des tsunami.

Constamment confronté aux catastrophes naturelles, avec chaque année son cortège de séismes, typhons et éruptions volcaniques, le Japon a appris à ne rien laisser au hasard et semble parfois réagir de façon excessive quand la sécurité est en jeu.

Ainsi, dimanche matin, le déclenchement de l'alerte «majeure» au tsunami, degré le plus élevé, dans trois préfectures du nord du Japon, s'est accompagné d'un ordre d'évacuation de plus d'un demi-million de riverains vivant sur la côte, qui ont passé la journée et la nuit de dimanche dans des écoles, des bâtiments publics, ou même parfois dans leur véhicule.

Des routes et des lignes de chemins de fer le long de la côte avaient également été fermées par mesure de précaution.

Dimanche en début de soirée, alors que les autres pays du Pacifique avaient déjà levé l'alerte au tsunami, le Japon restait le seul État à continuer à mettre en garde contre de nouveaux raz-de-marée. Il a fallu attendre lundi 10H15 (01H15 GMT), soit 25 heures, pour que l'Agence météorologique se décide à sonner la fin de l'alerte et le retour à la vie normale.

Cet excès de prudence est jugé toutefois préférable par les médias et les experts en catastrophes naturelles.

«L'alerte au tsunami a bouleversé plusieurs aspects de la vie publique, mais le gouvernement peut se dire qu'il a pris les mesures appropriées face à la menace potentielle de ce tsunami», écrit lundi dans un éditorial le quotidien Yomiuri Shimbun.

Le journal rappelle qu'un tsunami de deux mètres de haut ou plus peut détruire totalement des bâtiments en bois et que des vagues d'à peine un mètre peuvent également gravement endommager des habitations.

«Il est important que le public comprenne le danger des tsunami», souligne le quotidien en s'indignant que des surfeurs ou des curieux soient restés sur les plages pour voir le tsunami.

Hirotada Hirose, professeur de psychologie dans la prévention des catastrophes naturelles, pense que l'alerte aurait pu être levée plus tôt.

«L'agence a émis l'alerte la plus élevée dimanche matin et l'a maintenue pendant une longue durée, même après qu'elle ait été levée par le Centre d'alerte au tsunami de Hawaï», a-t-il rappelé.

«En déclenchant une alerte excessive au tsunami, les autorités veulent probablement éviter les critiques si des dégâts surviennent ensuite. Mais la difficulté est de convaincre la prochaine fois la population que l'alerte est sérieuse et qu'il faut évacuer», a-t-il souligné.

Satoko Oki, professeur à l'Université de Tokyo, a insisté sur le fait qu'un raz-de-marée, peut importe sa hauteur, peut être très dangereux.

«Même un tsunami de 50 cm peut être destructeur, car les gens ne peuvent pas rester debout si une vague de cette amplitude déferle», a-t-elle rappelé.