Plus d'un million d'immigrés en Thaïlande sont menacés d'expulsion s'ils refusent de s'enregistrer auprès de leurs capitales respectives, a indiqué mardi Human Rights Watch (HRW), qui craint que cette mesure n'expose plus encore des populations déjà sujettes à de multiples abus.

Bangkok a demandé aux ressortissants birmans, cambodgiens et laotiens sur son territoire de se faire connaître auprès de leurs gouvernements avant dimanche prochain sous peine d'expulsion, dans une mesure destinée à lutter contre l'immigration illégale.

Mais HRW craint que les migrants, déjà très vulnérables aux brimades et extorsions, ne soient encore plus exposés.

«Des millions d'immigrés vivant en Thaïlande ont été sujets à des abus allant de la torture à l'arrestation arbitraire, l'extorsion de fonds (...)», a déclaré Sunai Phasuk, expert de la Thaïlande pour HRW lors d'une conférence de presse.

«Les travailleurs immigrés doivent être considérés comme des êtres humains, pas comme de simples avoirs», a-t-il ajouté.

Quelque 200 000 des 1,3 million d'immigrés qui vivent en Thaïlande ont commencé à s'enregistrer et 45 000 ont achevé le processus, qui leur donne un passeport temporaire, selon l'organisation américaine.

Mais les immigrés en Thaïlande sont sous la pression constante d'employeurs peu scrupuleux et des autorités qui les rackettent constamment, selon le rapport publié mardi de HRW, qui craint que la nouvelle réglementation multiplie les exactions.

Le gouvernement d'Abhisit Vejjajiva a refusé de reculer l'ultimatum et affirme qu'il emploiera des méthodes humaines.

Bangkok postule pour un siège au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU mais a été sévèrement critiqué ces derniers mois pour sa politique répressive à l'égard des étrangers sur son sol.

Fin décembre, le gouvernement s'est attiré les foudres de la communauté internationale en expulsant au Laos 4 500 Hmongs qui vivaient dans des camps, dont 158 étaient des réfugiés reconnus par l'ONU.

Début 2009, la Thaïlande avait repoussé à la mer des centaines de Rohingyas, une minorité ethnique birmane de confession musulmane, qui avaient été pris en charge dans les eaux territoriales indiennes et indonésiennes.