L'ex-chef des armées du Sri Lanka et candidat malheureux à la présidentielle, Sarath Fonseka, a lancé un appel au calme après son arrestation lundi qui a déclenché des heurts entre opposants et membres du parti au pouvoir, a déclaré jeudi sa femme.

Anoma Fonseka a déclaré avoir pu s'entretenir avec son mari au centre de détention navale sous le contrôle de membres de l'armée.

«Il m'a demandé de dire à la population - et spécialement à l'armée - de rester calme et de ne pas se sentir provoquée par son arrestation illégale», a-t-elle déclaré. «Ils essaient de briser son moral mais ils n'y arriveront pas».

L'ex-général Fonseka, qui a démissionné de l'armée en novembre sur des soupçons de coup d'État avant d'affronter lors du scrutin le président désormais réélu Mahinda Rajapakse, a été arrêté lundi par la police militaire.

Les autorités ont annoncé mardi qu'il serait traduit en cour martiale pour avoir conspiré contre le gouvernement. Une première audience est prévue vendredi.

Cet appel au calme intervient au lendemain de violents heurts qui ont éclaté à Colombo entre des partisans de Fonseka et des militants du parti au pouvoir devant les bâtiments de la plus haute juridiction du pays.

La police anti-émeute a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser la foule massée devant la cour suprême, où Anoma Fonseka a déposé une pétition demandant la libération de son mari.

Des heurts similaires se sont produits dans plusieurs autres villes.

Le gouvernement n'a pas encore révélé les charges précises pesant contre Fonseka mais le secrétaire d'État à la Défense, et frère du chef de l'État, Gotabhaya Rajapakse, a déclaré jeudi dans le quotidien de Singapour Straits Times que l'ancien général préparait un coup d'État militaire.

«Juste avant de quitter le poste de chef des armées, il a commencé à regrouper ses fidèles et son régiment à Colombo, positionnant un peu partout les plus hauts responsables», a-t-il déclaré. «Tout cela ressemble à un coup d'État militaire», a-t-il ajouté.

L'opposition, qui a exigé mercredi la libération de Fonseka, affirmant avoir «de bonnes raisons de penser que l'arrestation extra-judiciaire de Fonseka pourrait être suivie de son assassinat en prison», a déclaré avoir reçu le soutien de l'influent clergé bouddhiste pour faire pression sur Rajapakse.

«Nous n'avons pas l'intention de faire de l'agitation à l'extérieur du tribunal quand l'affaire va débuter mais on ne sait pas ce qui peut se passer», a dit à l'AFP l'un des dirigeants de l'opposition, Karu Jayasuriya.

Selon Anoma Fonseka, son mari n'a pas eu droit à la visite de son médecin qui le soigne régulièrement depuis qu'il a été touché par un attentat à la bombe en avril 2006 dirigé contre lui par les rebelles tamouls.

Sa femme a affirmé qu'il n'avait pas été accusé formellement de violation du code de l'armée, une charge qui doit être prononcée 24 heures après l'arrestation: «Il est clair que la loi de la jungle règne aujourd'hui. Ils essaient toujours de trouver des accusations contre lui».

L'association de défense des droits de l'homme Asian Human Rights Commission (AHRC), installée à Hong Kong, a estimé jeudi que la comparution devant un tribunal militaire était une façon d'éviter à Fonseka un traitement judiciaire normal et de priver la population d'informations.

Le Sri Lanka tente «de réprimer la participation de l'opposition et de la population en général» dans la vie politique, a-t-elle ajouté.