Le candidat malheureux de l'opposition à l'élection présidentielle au Sri Lanka, l'ancien chef des armées Sarath Fonseka, arrêté lundi, va être traduit en cour martiale, ont indiqué mardi des responsables militaires.

«Il va être traduit en cour martiale même s'il n'est plus un officier d'active», a déclaré ce responsable sous le couvert de l'anonymat, ajoutant que «la loi militaire s'applique pendant six mois après le départ en retraite de tout officier». 

Dans un bref communiqué sur son site Internet, le ministère de la Défense a indiqué que M. Fonseka serait jugé pour «des actes frauduleux et d'autres infractions militaires».

Battu par le président sortant Mahinda Rajapakse lors du scrutin du 26 janvier, M. Fonseka, qui a démissionné de l'armée en novembre, a été arrêté lundi par la police militaire.

Il avait conduit l'armée à une victoire décisive en mai dernier contre les rebelles séparatistes tamouls.

Son épouse, Anoma Fonseka, a accusé mardi le gouvernement d'avoir «enlevé» son mari et de le traiter «comme un animal».

«Il ne s'agit pas d'une arrestation, c'est un enlèvement», a-t-elle déclaré en larmes, lors d'une conférence de presse à son domicile de Colombo, assurant qu'elle ne savait pas où se trouvait son mari, qui à 59 ans est sous traitement médical.

M. Fonseka avait déclaré à <i>La Presse</i> avant son arrestation lundi que plus d'une cinquantaine de ses collaborateurs avaient été arrêtés et que les autorités voulaient ainsi l'empêcher de rassembler des preuves appuyant ses accusations de fraude électorale.

La veille, un journal non officiel avait affirmé que le général pourrait être traduit en cour martiale sous l'accusation de préparatifs en vue d'un coup d'État afin de renverser le gouvernement.

Début février, le président Rajapakse a limogé douze hauts gradés de l'armée en raison de craintes d'un coup d'État.

Le gouvernement pourrait également être inquiet de la volonté du général de témoigner sur d'éventuels crimes de guerre commis lors du conflit avec les tamouls.

«Je ne suis pas prêt à protéger que que ce soit qui ait commis des crimes de guerre», avait déclaré avant son arrestation le général Fonseka, seul général quatre étoiles de l'armée.

Colombo s'est montré sourd aux appels de la communauté internationale à ouvrir une enquête à la suite d'accusations selon lesquelles ordre aurait été donné de tirer sur les chefs des rebelles tamouls après leur reddition.

M. Fonseka avait écourté en novembre une visite aux États-Unis, pour éviter d'être interrogé sur des allégations de crimes de guerre. Le gouvernement sri-lankais avait refusé qu'il soit auditionné et craignait que son témoignage ne mette en cause le secrétaire à la Défense, Gotabhaya Rajapakse, frère du président actuel.

L'arrestation du général Fonseka a suscité lundi la «préoccupation» de la diplomatie américaine. «Nous suivons la situation de près et sommes préoccupés», a déclaré à l'AFP Philip Crowley, le porte-parole du département d'État, appelant le gouvernement à «travailler à réparer les fissures au sein de la société».

Arguant d'irrégularités à grande échelle, M. Fonseka avait annoncé avoir déposé une réclamation auprès de la commission électorale et avoir l'intention de demander à la Cour suprême d'annuler les élections.

Le président sortant Mahinda Rajapakse a été réélu le 26 janvier avec une confortable majorité de 57,9% tandis que Sarath Fonseka a recueilli 40,1% des voix.

Les États-Unis et la Commission européenne ont appelé à une enquête sur des allégations de fraudes massives.