Au moins 23 personnes ont été tuées et des dizaines blessées vendredi dans deux attentats suicide dans la grande ville pakistanaise de Karachi, l'un visant un autobus qui transportait des chiites, le second à l'hôpital qui recevait les blessés du premier.

Un kamikaze a précipité sa moto bourrée d'explosifs contre un autobus transportant des personnes qui se rendaient à la procession de clôture de Muharram, le mois le plus sacré du calendrier musulman pour les chiites, a expliqué à l'AFP Shahid Hasan, un officier de police. «Au moins 12 personnes ont été tuées et 50 blessées», a déclaré à l'AFP Sagheer Ahmed, ministre de la Santé de la province du Sindh (sud), dont Karachi est la capitale.

Il s'agissait de la seconde attaque meurtrière ciblant cette communauté musulmane minoritaire au Pakistan en un mois et demi à Karachi, la capitale économique du Pakistan, peuplée de quelque 16 millions d'habitants.

Les attaques visant les chiites, qui représentent environ 20% de la population, sont relativement fréquentes au Pakistan, souvent perpétrées par des groupes extrémistes sunnites, la communauté musulmane majoritaire (près de 80%), et les talibans alliés à Al-Qaeda, également responsables d'une campagne plus vaste d'attentats ayant fait près de 3.000 morts en deux ans et demi.

Peu après le premier attentat, un deuxième kamikaze à moto a fait exploser sa bombe à l'entrée des urgences de l'hôpital Jinnah, a indiqué le ministre Ahmed, précisant qu'au moins 11 personnes avaient été tuées et 25 blessées.

«J'étais venu essayer de retrouver mon cousin blessé dans le premier attentat et j'ai entendu une explosion assourdissante, des brancards ont été projetés dans les airs», a raconté Azam Ali, 26 ans. «La plupart des blessés et tués du second attentat étaient aussi des chiites», a-t-il assuré.

«Cinq ambulances ont été détruites mais nous n'avons eu que trois collègues blessés, c'est un miracle», soufflait Mohammad Mehboob, un secouriste.

Le 28 décembre, un attentat suicide, revendiqué par les talibans pakistanais avait tué 43 personnes à Karachi lors d'une procession chiite.

Les talibans avaient, jusqu'à présent, relativement épargné le gigantesque port du sud dans leur campagne sanglante visant essentiellement les forces de sécurité et les symboles du gouvernement, mais aussi, plus récemment, des lieux bondés de civils.

L'attentat de vendredi, en plein centre ville, a presque entièrement détruit le bus, dont le sol et les parois intérieures étaient maculés de sang, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Le Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP) a fait allégeance dès sa création en 2007 à Al-Qaeda, et a décrété le jihad à Islamabad pour s'être allié à la fin 2001 à Washington dans sa «guerre contre le terrorisme».

Les bastions du TTP, dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, sont devenues progressivement le nouveau sanctuaire des cadres et combattants d'Al-Qaeda et une base arrière stratégique des talibans afghans.

La CIA ou l'armée américaine basée en Afghanistan y ont considérablement intensifié, ces derniers mois, leurs tirs de missiles par des drones visant les cadres du mouvement d'Oussama ben Laden ou des talibans.

Même si ces derniers, sunnites, revendiquent volontiers quelques attaques visant les chiites, ces violences sont d'ordinaire le fait d'autres groupes, basés dans le centre et l'est du Pakistan. Depuis la fin des années 1980, plus de 4.000 chiites ont été tués dans les violences entre chiites et sunnites dans tout le pays.