Pékin a déclaré lundi avoir réaffirmé aux représentants du dalaï lama, qui se sont rendus en Chine la semaine dernière pour reprendre un dialogue interrompu depuis plus d'un an, son refus de toute concession sur la souveraineté chinoise au Tibet.

«Les intérêts nationaux (de la Chine) sont inviolables et il n'y pas de place pour des discussions sur les questions de souveraineté nationale et territoriale», a déclaré le gouvernement dans un communiqué, cité par l'agence Chine Nouvelle.

Il s'agit de la première déclaration de Pékin après la fin des discussions à huis clos entre deux représentants du chef spirituel des Tibétains en exil et des représentants du gouvernement chinois.

Les émissaires du dalaï lama sont rentrés en Inde lundi, a annoncé un porte-parole du chef religieux en exil depuis 1959 à Dharamsala, dans le nord de l'Inde. Ils étaient arrivés mardi dernier en Chine, d'abord dans la province du Hunan puis à Pékin, selon ce porte-parole, Chhime Chhoekyapa.

Réagissant au communiqué chinois, le gouvernement tibétain en exil a estimé que les propos de Pékin sur la souveraineté du Tibet étaient déplacés puisqu'il recherchait une autonomie et non l'indépendance de cette région de l'Himalaya.

«Nous ne réclamons pas au Tibet un État souverain», a commenté à l'AFP un porte-parole de l'administration tibétaine, Thubten Samphel.

La dernière rencontre entre les deux parties remontait à novembre 2008, huit mois après des émeutes antichinoises au Tibet et dans des provinces environnantes peuplées de minorités tibétaines, mais elle s'était soldée par un échec.

À l'époque, les Tibétains avaient remis un mémorandum insistant sur le fait que leur demande d'autonomie dans les montagnes de l'Himalaya était conforme à la constitution chinoise. La Chine avait de son côté réaffirmé vouloir poursuivre le dialogue même si «des divergences sérieuses» subsistaient.

Mais le communiqué d'un organe du Parti communiste chinois (PCC), le Département du travail du front uni qui s'occupe des contacts avec le dalaï lama, souligne qu'aucune avancée majeure n'a été réalisée.

L'idée d'«un haut niveau d'autonomie (pour le Tibet) est une violation de la constitution chinoise», a-t-il estimé.

Hormis ce communiqué, aucune autre déclaration officielle n'a été faite. Une conférence de presse devrait être organisée mardi par le gouvernement chinois.

Quelques jours avant l'arrivée des deux émissaires, le président Hu Jintao avait assuré qu'un «développement accéléré» et une stabilité durable au Tibet étaient fondamentaux pour assurer le développement de la Chine dans son ensemble.

Les États-Unis avaient salué la venue en Chine des représentants tibétains pour cette nouvelle session de discussions, la neuvième depuis 2002, déclarant espérer «des résultats positifs».

Pékin assure que le Tibet fait partie de la Chine depuis le XIIIe siècle, une affirmation contestée par le gouvernement tibétain en exil.

La Chine accuse le dalaï lama, lauréat du prix Nobel de la paix en 1989, d'être un séparatiste, sous le couvert de religion.

Chef religieux, mais aussi homme politique pragmatique, celui-ci a cependant renoncé depuis longtemps à l'indépendance de son pays et opté pour une diplomatie dite de la «voie moyenne» consistant à réclamer une large «autonomie culturelle» du Tibet, envahi puis annexé par la Chine en 1950-1951.

Le dalaï lama, âgé de 75 ans, doit se rendre aux États-Unis le 16 février pour une visite de dix jours qui débutera par Washington. Son porte-parole n'a pas confirmé s'il s'entretiendrait avec le président Barack Obama.