Le président sortant du Sri Lanka Mahinda Rajapakse a été réélu dans un climat de tension extrême et au terme d'une féroce bataille contre son ex chef des Armées qui a été encerclé mercredi dans son hôtel par des troupes armées et a vigoureusement contesté le résultat.

Le chef de l'État, qui dirige le pays depuis 2005, a largement remporté l'élection présidentielle avec 57,9% des voix, a annoncé mercredi la commission électorale, confirmant les précédentes annonces de la télévision d'État et les résultats partiels donnés à la mi-journée. «C'est une victoire pour le peuple», a déclaré M. Rajapakse après l'annonce formelle de sa victoire. «Je remercie ceux qui ont voté pour moi et ceux qui ne l'ont pas fait. Je travaillerai pour tous», a-t-il ajouté.

Sarath Fonseka, son principal adversaire qui a recueilli 40,1% des voix, a rejeté le résultat. «L'enthousiasme du peuple que nous avons noté pendant la campagne n'est pas le reflet de ce résultat», a-t-il dit à des journalistes. «Nous n'accepterons jamais ce résultat», a-t-il insisté, précisant qu'il irait devant la justice pour le contester.

Mahinda Rajapakse, nationaliste acharné issu de la majorité cinghalaise, avait convoqué la présidentielle deux ans avant le terme de son mandat pour profiter de la vague de soutien qu'il avait reçue après la victoire contre la rébellion séparatiste tamoule.

Mais il a retrouvé sur sa route l'ex-général Fonseka, lui aussi considéré dans l'île comme l'artisan de la victoire, qui s'est présenté dans l'opposition après avoir démissionné de l'armée à l'automne, accusant M. Rajapakse de l'avoir soupçonné d'un coup d'État.

Le Sri Lanka a proclamé en mai 2009 sa victoire contre les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), considérés comme un groupe terroriste par le Sri Lanka et les pays occidentaux, après un conflit de 37 ans qui a fait entre 80.000 et 100.000 morts, selon les Nations unies.

Ce premier scrutin d'après-guerre s'est déroulé dans un climat tendu après une campagne émaillée de violences, avec au moins quatre morts et un millier d'incidents recensés par la commission électorale.

La tension est encore montée d'un cran lorsque des troupes armées, constituées d'environ 80 soldats, ont encerclé l'hôtel de luxe où se trouve l'ex-général Fonseka, dans le centre de Colombo.

Les troupes ont été déployées après l'information selon laquelle des déserteurs de l'armée se trouveraient à l'intérieur de l'hôtel, a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'armée, le général Udaya Nanayakkara, affirmant qu'il s'agissait simplement d'une mesure de précaution n'altérant pas la liberté de mouvement de l'ex-général.

Sarath Fonseka a, lui, déclaré à des journalistes que le gouvernement avait l'intention de le tuer en lui retirant son personnel de sécurité. «Ils se comportent comme des meurtriers», a-t-il lancé.

Selon son porte-parole, Mano Ganeshan, l'ex-général a demandé la protection d'un «pays voisin» pour assurer sa sécurité.

Le gouvernement avait auparavant accusé Fonseka d'employer une milice privée constituée de déserteurs, une allégation démentie par l'opposition.

Les bureaux de vote à peine clos mardi, le gouvernement avait mis en cause la légitimité de la candidature de Fonseka.

Celui-ci avait expliqué auparavant à l'AFP qu'il n'avait pu voter à la présidentielle en raison d'un problème administratif, son nom ne figurant pas sur le registre électoral datant de 2008.

Le Sri Lanka fait face à d'énormes défis de reconstruction et est soumis à la pression internationale pour accepter une enquête sur des allégations de crimes de guerre lors du conflit contre les tamouls.