La Thaïlande a achevé l'expulsion au Laos communiste des milliers de Hmongs qui se trouvaient encore dans des camps sur son territoire, dans un concert de critiques de la communauté internationale, qui craint pour leur sécurité de l'autre côté de la frontière.

«Le rapatriement est fini et il n'y a pas eu de problème», a affirmé mardi le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva. «Nous avons reçu tous les Hmongs», a confirmé le porte-parole des Affaires étrangères laotiennes, Khenthong Nuanthasing.

Lundi avant l'aube, quelque 5 000 soldats, responsables officiels et volontaires civils thaïlandais avaient pénétré dans un camp de la province de Phetchabun (nord-est de la Thaïlande) pour embarquer 4 371 demandeurs d'asile de cette minorité ethnique d'Asie du Sud-Est sur des camions à destination du Laos.

Bangkok les considérait comme des migrants économiques illégaux et n'avait pas laissé le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) examiner s'ils pouvaient obtenir le statut de réfugiés.

Mais la Thaïlande a aussi renvoyé de l'autre côté du Mékong plus de 150 Hmongs qui avaient reçu ce statut, à la colère du HCR, qui l'a accusée de «violer» les lois internationales. Selon le HCR, près de 90 enfants se trouvent parmi eux et des pays tiers pouvaient les accueillir.

Certains Hmongs s'étaient ralliés aux Américains contre les communistes pendant la guerre du Vietnam, lorsque le conflit s'était étendu aux pays voisins. Beaucoup ont, ensuite, fui le régime communiste de Vientiane, au pouvoir depuis 1975, et craignent d'être maltraités en retournant au Laos.

Bangkok et Vientiane affirment que les Hmongs rapatriés sont en sécurité.

Avant l'opération de cette semaine, Le Laos a vu le retour de 3 173 d'entre eux, a rappelé le général Bouasieng Champaphanh, président de la sous-commission de la frontière Lao-Thai cité lundi par le quotidien Vientiane Times. «Jusqu'à maintenant, personne n'a été emprisonné, tué ou pénalisé d'une façon ou d'une autre», a-t-il assuré.

Mais mardi, l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty international estimait qu'il y avait «des préoccupations sur les dispositions destinées à satisfaire les besoins humanitaires des (Hmongs retournés) au Laos».

L'Australie s'est dite «profondément préoccupée».

L'ambassade américaine à Vientiane a dit avoir reçu des garanties du Laos sur le fait que les Hmongs rapatriés auraient «de la nourriture, des abris et de l'aide à la relocalisation».

Mais «nous encourageons fortement le gouvernement (...) à maintenir la communauté internationale informée de (leur) bien-être et de (leur) localisation», a ajouté sa porte-parole, Shannon Dorsey.

Vientiane assure que les Hmongs rapatriés lundi, pour l'immense majorité envoyés dans des abris temporaires dans la province de Bolikhamsay (centre) et pour les quelque 150 réfugiés en centre de transit dans la capitale, pourront demander à rentrer dans leurs villages, aller dans des «nouveaux villages de développement» ou «voyager à l'étranger» s'ils remplissent les formulaires requis.

Dans le passé, le Laos a organisé pour la communauté internationale des visites, très encadrées, de villages abritant des Hmongs rapatriés et se dit prêt à recommencer.

Un certain accès aux Hmongs renvoyés au Laos existe, reconnaissent des diplomates. Mais il est «limité», à la fois en temps et en marge de manoeuvre une fois sur place, estimait l'un d'eux mardi.

Depuis 2005, Amnesty affirme de son côté avoir des cas documentés de détention, de disparition et de torture de Hmongs renvoyés de force dans le pays communiste.