Le premier ministre japonais Yukio Hatoyama, dont deux ex-collaborateurs ont été inculpés pour financement occulte de son fonds de soutien, a affirmé jeudi qu'il n'avait pas l'intention de démissionner, mais s'y résignerait «si un nombre de voix écrasant l'exige».

Au cours d'une conférence de presse, M. Hatoyama a présenté ses excuses, s'inclinant les larmes aux yeux devant les caméras. «J'accepte avec gravité le jugement des procureurs (..) et je ressens avec douleur ma responsabilité. Je présente mes excuses pour les soucis que j'ai causés», a-t-il déclaré.

Il a indiqué qu'il n'entendait pas démissionner, arguant de la volonté de changement que représentaient les législatives d'août qui ont porté au pouvoir sa coalition de centre-gauche et mis fin à 54 ans de domination des conservateurs.

«Beaucoup de gens ont demandé une alternance du pouvoir, et la marche du gouvernement de coalition ne doit pas être arrêtée. Pour cette raison, j'ai décidé que je ne devais pas abandonner mon poste», a-t-il dit.

Toutefois, le premier ministre a indiqué qu'il ne s'opposerait pas à un mouvement de fond réclamant son départ. «Si un nombre écrasant de voix exige: +Hatoyama, démission+, alors je sentirais que je devrais respecter la voix du peuple, mais je ferai de mon mieux pour que cela n'arrive pas»

Le parquet a mis jeudi en examen l'ancien secrétaire, Keiji Katsuba, 59 ans, et l'ancien comptable, Daisuke Haga, 55 ans, employés par M. Hatoyama avant son élection. Il a en revanche précisé qu'il n'y aurait pas de poursuites judiciaires contre le chef de gouvernement, en l'absence de preuve qu'il était au courant des malversations de ses collaborateurs.

M. Hatoyama a affirmé qu'il «ignorait tout» des falsifications opérées par ces derniers.

Son ex-secrétaire est soupçonné d'avoir attribué à des particuliers, dont certains se sont révélés être décédés, l'origine de dons de quelque 360 millions de yens (près de 2,8 millions d'euros) provenant en fait de la fortune personnelle de M. Hatoyama et de celle de sa mère, riche héritière du fabricant de pneus Bridgestone.

L'ex-comptable est lui accusé d'avoir fait preuve de négligence.

La loi japonaise autorise un politicien à utiliser un maximum annuel de 10 millions de yens (76.000 euros) sur sa fortune personnelle et limite à 1,5 million de yens (11.450 euros) par an les dons de particuliers, y compris de parents, pour financer ses activités politiques.

À propos de l'argent versé par sa mère pendant plusieurs années, le premier ministre a déclaré qu'il allait payer les taxes exigées par le fisc afin de se mettre en règle.

Ce scandale a écorné l'image de M. Hatoyama, qui achève jeudi ses cent premiers jours à la tête du gouvernement et dont la cote de popularité a chuté à moins de 50% dans les derniers sondages.

Le chef de l'opposition l'a accusé de se moquer de l'opinion publique.

«Ce n'est pas simplement une affaire de falsification de dons, mais aussi une évasion fiscale sur une longue période», a commenté Sadakazu Tanigaki, président du Parti libéral-démocrate (conservateur). «Que le premier ministre en parle comme s'il n'était pas directement concerné, c'est se moquer des travailleurs qui eux payent des impôts», a-t-il ajouté.