Une grève paralysait mardi le Cachemire indien au lendemain de la publication des conclusions d'une enquête sur la mort de deux musulmanes excluant le viol et le meurtre au profit de la noyade, thèse dénoncée par la population lors de manifestations qui ont fait 20 blessés.

La découverte le 30 mai des corps de deux femmes de 17 et 22 ans dans un cours d'eau de la partie du Cachemire administrée par l'Inde, à majorité musulmane, avait entraîné une flambée de violences et de nombreuses manifestations à l'appel de groupes indépendantistes islamistes, faisant un mort et des centaines de blessés.

Les familles accusent des policiers ou des soldats d'avoir enlevé, violé et tué les jeunes filles originaires de Shopian, à 50 km de Srinagar, capitale d'été du Cachemire indien. La police a rétorqué qu'elles s'étaient sont noyées, avant d'admettre, après autopsie, qu'elles avaient effectivement été violées.

En septembre, l'affaire avait été portée devant le Bureau central des enquêtes (CBI) après l'échec de la police et de la justice à résoudre l'affaire.

Lundi, le CBI a conclu dans son rapport présenté à la Haute cour que les deux femmes s'étaient noyées, rejetant les accusations de viol et de meurtre.

La grève a entraîné la fermeture des magasins, des bureaux, des banques et des services postaux à Srinagar et dans d'autres villes à majorité musulmane, dont Shopian.

Des centaines d'habitants ont organisé des manifestations anti-indiennes à Shopian dans la nuit de lundi à mardi. La police anti-émeutes a été déployée.

«Nous appelons la population du Cachemire à observer une grève totale en signe de protestation contre l'histoire inventée par le CBI et présentée devant la cour», a déclaré à l'AFP Abdul Rasheed Deva, l'un des porte-parole du mouvement.

La police a fait usage de gaz lacrymogène et de matraques pour disperser des centaines de manifestants scandant des slogans dans divers endroits de Srinagar, ainsi que dans plusieurs autres villes, a-t-on appris auprès de la police et de témoins.

Les heurts qui ont fait 16 blessés parmi les manifestants et 4 parmi les forces de police, selon un officier de police.

Pour empêcher de plus amples débordements, la police a placé en résidence surveillée plusieurs chefs séparatistes, a-t-il ajouté.

Le Cachemire indien est le théâtre de violences depuis le déclenchement en 1989 d'une insurrection séparatiste récupérée par des groupes armés islamistes venus pour la plupart du Cachemire pakistanais et qui se battent contre «l'occupation indienne». Quelque 47.000 personnes ont été tuées dans ce conflit en 20 ans.