Une trentaine de tonnes d'armes de guerre ont été saisies ce week-end à Bangkok à bord d'un avion cargo géorgien arrivé de Corée du Nord, en violation des sanctions de l'ONU contre le régime de Pyongyang, et dont la destination finale demeurait inconnue.

Les quatre Kazakhs et le Bélarusse qui composaient l'équipage ont été interpellés et seront poursuivis pour violation des lois sur le commerce des armes.

L'équipage avait demandé à pouvoir se poser pour faire le plein de carburant à l'aéroport intérieur de Don Mueang de la capitale, vendredi. Mais en examinant l'appareil, les autorités thaïlandaises ont découvert un impressionnant arsenal d'armes de guerre.

«Il y avait beaucoup d'armes comme des roquettes antichars RPG, des missiles et d'autres armes de guerre», a indiqué samedi soir à l'AFP le général Thangai Prasajaksattru, chef du Bureau central de la police criminelle.

Le porte-parole du gouvernement, Panitan Wattanayagorn, a fait état de plus de 30 tonnes d'armement dans l'avion, un cargo IL-76 de fabrication russe selon le quotidien The Nation.

«C'est la première fois que nous saisissons une quantité d'armes aussi énorme», a-t-il admis. «Les armes sont sous contrôle de la police dans une zone de l'armée de l'air (...). Si nous ne pouvons les identifier, nous demanderons de l'aide aux experts des Nations unies».

Le porte-parole a ajouté que ce transport d'armes depuis la Corée du Nord violait la résolution 1874 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée le 12 juin en réponse à l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai, qui instaure notamment un élargissement de l'embargo sur les armes en provenance de ce pays.

«La résolution 1874 des Nations unies interdit le transfert d'armes de Corée du Nord et elle identifie quatre étapes: la surveillance et la vérification, la saisie, la destruction et l'information des Nations unies», a souligné Panitan.

Le gouvernement de Bangkok devra aussi tenter de faire la lumière sur les destinataires finaux de cette cargaison.

«Les services de sécurité et de renseignement poursuivent leur enquête. Nous ne savons pas encore s'il s'agit d'activités terroristes», a déclaré dimanche le premier ministre Abhisit Vejjajiva.

«Leur prochaine destination était le Sri Lanka, où ils voulaient refaire le plein. Mais nous ne savons pas où ils voulaient se poser par la suite (...) Les armes appartiennent à une compagnie nord-coréenne, les hommes sont bélarusses et kazakhs, l'avion appartient à la Géorgie. Nous informerons les pays concernés et les Nations unies», a-t-il ajouté.

Plusieurs destinations étaient évoquées dans la presse thaïlandaise sans qu'aucune ne soit clairement étayée.

Selon Panitan, les armes devaient être probablement transportées à leur destination finale par bateau. «Il y a plusieurs endroits possibles au Moyen-Orient et en Asie du sud», a-t-il estimé.

L'ensemble du chargement a été transféré à la base militaire aérienne de Takhli, dans la province de Nakhon Sawan, au centre du pays.

Les autorités thaïlandaises ont par ailleurs confirmé devoir leur saisie à des informations venant de services de renseignement étrangers.

Plusieurs chaînes de télévision thaïlandaises ont indiqué que des responsables américains avaient donné des informations à Bangkok, ce que l'ambassade des États-Unis n'a pas confirmé.