La Cour suprême de Birmanie examinera dans deux semaines le recours de l'opposante Aung San Suu Kyi, qui conteste sa récente condamnation à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence alors que les pays occidentaux tentent de sortir la junte de son isolement.

«Les avocats (de Mme Suu Kyi) devront présenter leurs conclusions le 21 décembre», a indiqué vendredi à l'AFP un responsable birman sous couvert de l'anonymat.

La lauréate du prix Nobel de la paix, 64 ans, avait été condamnée à trois ans de réclusion et de travaux forcés en août, pour avoir brièvement hébergé un Américain qui avait réussi à nager jusqu'à son domicile situé sur les rives d'un lac.

La sanction avait été immédiatement commuée en une prolongation de sa résidence surveillée l'excluant de facto du paysage politique pour les élections prévues en principe en 2010. Le verdict a depuis été confirmé en appel.

L'un des avocats de la figure de proue de l'opposition, Nyan Win, a confirmé la date de l'audience devant la Cour sans faire de commentaire. Mme Suu Kyi a été privée de liberté durant 14 des vingt dernières années.

Cette décision intervient alors que l'Union européenne (UE) a décidé d'emboîter le pas aux Américains qui ont récemment réouvert un dialogue avec la junte.

L'ambassadeur de l'UE en Birmanie, David Lipman, a expliqué s'être entretenu mercredi dans la capitale du pays, Naypyidaw, avec le généralissime Than Shwe, homme fort de la junte.

«Nous avons eu une bonne discussion sur les relations futures entre l'Union européenne et la Birmanie», a déclaré M. Lipman aux journalistes à Rangoun. «Le gouvernement veut dialoguer avec l'UE. Ils dialoguent déjà avec les États-Unis».

Le diplomate a précisé que l'UE espérait entamer ce dialogue la semaine prochaine à Copenhague, en marge des négociations mondiales sur le climat, auxquelles assistera selon lui le ministre birman des Affaires étrangères, Nyan Win.

«Ce sera la prochaine étape, lorsque nous entamerons un dialogue politique soutenu», a-t-il ajouté. La présence du ministre au Danemark n'a toutefois pas été confirmée de source officielle birmane.

Washington a décidé de rouvrir des négociations avec la junte il y a quelques mois, après avoir constaté que les sanctions seules avaient été inefficaces lors de la dernière décennie et avaient surtout renforcé la junte militaire dans son isolement. Pendant que les relations bilatérales sortaient de l'impasse, les rapports entre la junte et Mme Suu Kyi se détendaient aussi timidement.

En septembre, l'opposante a écrit un courrier à Than Shwe dans lequel elle proposait de rencontrer des diplomates étrangers pour discuter des sanctions occidentales. Cette requête lui a été accordée.

L'opposante a aussi rencontré par deux fois le ministre du Travail et officier de liaison du régime, Aung Kyi.

Début novembre, elle a fait sa première apparition publique -son procès excepté- depuis 2003, accompagnée du secrétaire adjoint américain pour l'Asie de l'Est et le Pacifique, Kurt Campbell, plus haut responsable à se rendre dans le pays depuis 14 ans.

Deux semaines plus tard, elle a écrit à la junte pour demander un entretien avec Than Shwe et l'autorisation de rencontrer des cadres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Ce courrier n'a pas reçu de réponse. Mme Suu Kyi et Than Shwe, qui n'a jamais caché la détester profondément, ne se sont pas rencontrés depuis 2002, selon la LND.