Le Sri Lanka a libéré mardi les milliers de civils déplacés au cours du conflit contre la rébellion séparatiste tamoule qui étaient parqués dans des camps depuis des mois, mettant fin à une détention fustigée par les Nations unies et des associations de défense des droits de l'homme.

Hommes, femmes et enfants ont afflué mardi vers la sortie du vaste centre de réfugiés de Manik Farm, dans le district de Vavuniya, à 260 km au nord de la capitale Colombo. Leur premier désir était de retrouver parents et amis. La plupart d'entre eux devraient cependant rester basés un moment dans les camps, nombre de leurs villages ayant été détruits au cours du conflit opposant les forces armées au mouvement des Tigres de libération de l'Eelam tamoul, qui s'est achevé en mai dernier.

«Aujourd'hui, plus de 1000 familles, représentant 6000 personnes, sont déjà parties», a déclaré à l'AFP N. Thirugnanasampanther, un fonctionnaire du district de Vavuniya. Selon les autorités, les sans-abris pourront rester dans les camps jusqu'à ce qu'ils trouvent un logement.

Environ 128 000 civils déplacés au cours de la dernière phase du conflit ont reçu l'autorisation de sortir. Les installations placées sous étroite surveillance militaire ont regroupé jusqu'à 280000 personnes, en majorité issues de la minorité tamoule.

Quelque 41000 personnes avaient pu sortir en octobre, soit le plus grand nombre de départs autorisés en une seule fois, selon les chiffres officiels.

Le Sri Lanka avait annoncé le 21 novembre qu'il autoriserait début décembre tous les civils à quitter les camps, satisfaisant ainsi la communauté internationale qui n'avait cessé d'exiger de Colombo leur libération rapide. Le gouvernement a promis leur fermeture définitive d'ici à fin janvier.

De nombreux réfugiés demandaient mardi à rendre visite à leurs parents et amis mais beaucoup restaient de fait bloqués, par manque d'argent et de moyens de transport suffisants.

«On n'a reçu aucune aide des autorités pour aller voir nos parents mais c'est mieux que d'être enfermés ici», a témoigné auprès de journalistes locaux l'un d'entre eux, E. Thavamani.

V. Pushpavathi, qui a vécu sept mois de détention, a été autorisée à partir pendant une semaine mais elle devra revenir pour bénéficier de l'aide du  gouvernement pour son relogement.

Les conditions de vie dans ces baraquements avaient été maintes fois dénoncées par les Nations unies et des associations de défense des droits de l'homme. Trois familles se partageaient souvent une petite tente faite pour six personnes et de nombreux abris avaient été inondés lors de la mousson.

Selon le gouvernement, les civils étaient détenus le temps de vérifier qu'aucun rebelle ne se cachait parmi les réfugiés et de désamorcer les mines éparpillées dans les villages.

En mai, le Sri Lanka avait proclamé sa victoire militaire contre la rébellion tamoule en s'emparant de leur dernière poche dans le nord-est de l'île, mettant fin à 37 années de conflit qui ont fait de 80 000 à 100 000 morts.

L'organisation Human Rights Watch a cependant rappelé que le gouvernement détenait toujours 11 000 Tamouls soupçonnés de faire partie des rebelles, demandant à Colombo de les juger ou de les libérer.