Le gouvernement indien a durci mercredi son bras-de-fer avec les rebelles maoïstes, les mettant en garde contre une vaste offensive de l'armée après la multiplication de leurs exactions ces derniers mois et, pour la première fois, la décapitation d'un policier.

Depuis des années, des milliers de guérilleros d'extrême-gauche se battent contre la souveraineté du pouvoir étatique indien. Mais leurs actions, de plus en plus violentes, ont franchi un degré supplémentaire avec la découverte d'un policier décapité par des rebelles présumés dans l'État du Jharkhand (est).

Le ministre indien de l'Intérieur, P. Chidambaram, a déclaré mercredi que les maoïstes devaient «prendre le chemin de la démocratie et du dialogue» sous peine d'une opération militaire d'envergure.

«Aussi longtemps qu'ils ne renonceront pas à la violence, ils seront confrontés aux forces armées. Il y aura des réponses. Cette violence est tout simplement inacceptable dans une démocratie», a-t-il poursuivi.

Le ministre de l'Intérieur a assuré qu'une action militaire ne toucherait ni les villageois ni les populations tribales.

Selon le quotidien Hindustan Times, une offensive pourrait avoir lieu après le 17 octobre, date de la fête de Diwali (fête des lumières) célébrée dans tout le pays.

Selon Brahma Chellaney, spécialiste des questions de sécurité au Centre pour la recherche politique (CPR) à New Delhi, la décapitation mardi d'un policier, kidnappé cinq jours plus tôt, a été «un choc pour la nation et va modifier dans les semaines et les mois à venir la stratégie du gouvernement», a-t-il dit à l'AFP.

Les principaux quotidiens indiens faisaient leur «Une» avec la décapitation, comparée dans The Times Of India à une «exécution sur le modèle taliban».

Vingt des 29 États indiens sont confrontés depuis 1967 à des poches de rébellions maoïstes. Au total, 165 des 600 départements du pays seraient, à des degrés divers, sous l'influence de ces 10.000 à 20.000 guérilleros d'extrême gauche que les Indiens appellent les «naxalites» ou les «terroristes rouges».

Les maoïstes affirment mener la lutte armée contre de grands propriétaires terriens et les sociétés minières, pour la défense des paysans sans terre et des tribus dans des États indiens où la puissance publique (éducation, santé, infrastrustures) est quasiment inexistante.

Mais les autorités les accusent d'intimidation et d'extorsion de fonds pour prendre le contrôle de villages reculés.

La semaine dernière, seize personnes ont été tuées au cours de l'attaque d'un village par des maoïstes dans l'État du Bihar (est), après un différend sur la propriété de terres agricoles.

Mi-septembre, le premier ministre indien, Manmohan Singh, a reconnu que le pays n'arrivait pas à juguler l'insurrection des maoïstes et que les rebelles représentaient la plus grande menace pour la sécurité du pays. Il avait également admis qu'un changement de stratégie s'imposait.

New Delhi a officiellement interdit en juin le Parti communiste de l'Inde-Maoïste (PCI-Maoïste), né en 2004 de la fusion de deux organisations clandestines, en le classant parmi les organisations terroristes.

Environ 800 personnes ont trouvé la mort en 2007 dans des violences liées aux maoïstes et l'on compte déjà 580 morts cette année.